Vous reprendrez bien un petit krach ?

Charlie Hebdo – 03/02/2016 – Jacques Littauer –
Une fois encore, la Bourse dévisse, et ça ne put pas être une bonne nouvelle pour nous. En cause cette fois-ci : la chute du pétrole et le ralentissement en Chine.
Depuis le début de l’année, le CAC 40 a chuté de 7 %, (soit un gadin de 84 % sur un an si la chute devait se poursuivre à ce rythme). Et ce n’est pas mieux du côté de Londres, Francfort, New York, Shanghai, Hong Kong ou Tokyo, avec une chute moyenne de 10 %.
061_BoursesLa première ombre qui plane sur les marchés, c’est la baisse du prix du pétrole, qui a atteint 30 dollars le baril ces jours-ci, contre plus de 60 dollars en juin 2015. Le pétrole plombant le pouvoir d’achat de centaines de millions de consommateurs dans le monde, sa baisse devrait ravir les marchés. En effet, elle rend possible l’achat de biens de consommation produits par les entreprises cotées, dont les profits devraient grimper te leurs cours de Bourse avec. Mais les marchés semblent s’être rendus compte qu’une baisse trop forte des cours du brut déstabilise des économies entières qui voient leurs recettes d’exportation s’effondrer, comme au Venezuela ou en Algérie.
C’est notamment le cas de la Russie, 6ème économie mondiale, qui inquiète, tant ce pays shooté au pétrole ne sait pour l’instant rien vendre d’autre, une situation aggravée par les sanctions internationales. L’économie russe s’enfonce dans la récession, son déficit commercial se creuse, sa monnaie s’effondre, l’inflation grimpe, la pauvreté s’étend et les ressources publiques fondent, menaçant la stabilité sociale et politique du pays. Et ce ‘est pas près de s’arranger avec le retour sur les marches de l’Iran, qui va encore accroître le déséquilibre entre l’offre surabondante de pétrole et la faible demande, déséquilibre créé en premier lieu par la montée en puissance du gaz de schiste états-unien, que les Saoudiens ont souhaité concurrencer en inondant le marché de crude oil bien ce chez eux, ce qui a fait chuter les prix. 
Les marché paniquent car ils regorgent de liquidités
chute-des-bourses-attend-trop-de-la-chineMais si les prix baissent, c’est aussi parce que la demande est à la peine. Et là, les coupables, ce sont les Chinois. Il se pourrait en effet que la 2ème économie mondiale soit en difficulté. Le pouvoir chinois affiche un taux de croissance de 7 % de son PIB pour 2015, mais comment y croire quand on constate que les exportations chinoises ont reculé l’an dernier ? Face à ce marasme (certes relatif) qui menace de durer, aucune mesure de soutien ne semble marcher, ni les hausses de salaires, ni les débuts de la protection sociale, ni les mesures de relance budgétaires et monétaires (avec notamment la baisse du yuan pour faciliter les exportations). La faute à une conversion difficile entre un modèle entièrement centré sur les exportations (grâce à des salaires de misère) et le passage à une économie plus autocentrée, où c’est la consommation des salariés qui tire l’essentiel de la croissance. En effet, la consommation des ménages ne représente que 40 % du PIB chinois, contre près de 70 % en France. 
31942288Mais le plus dingue, c’est que la chute actuelle des Bourse est incompréhensible : la Chine dispose de réserves colossales, sa croissance reste réelle, et la chute du prix du pétrole est une bonne nouvelle pour les consommateurs du monde entier. D’ailleurs, le FMI prévoit une croissance mondiale de 3,4 % en 2016, on est loin de la récession, et c’est d’ailleurs encore trop pour la planète… En réalité, si les marchés paniquent, c’est parce qu’ils regorgent de liquidités. jusqu’ici, le pire a été évité parce que les Banques centrales (la Fed aux États-Unis, la BCE à Francfort…) ont racheté à tour de bras des titres financiers (notamment des obligations) dont personne ne voulait afin de soutenir leurs cours. Mais aujourd’hui tout le monde est d’accord pour dire qu’il faudra « cesser d’injecter des liquidités ». Qui viendra sauver les marché cette fois ?
Si tous ces capitaux étaient dans les poches des pauvres du monde entier plutôt que sur les places financières, ils se retrouveraient illico dans l’économie réelle, créeraient des emplois et de la richesse, et « rassureraient les marchés ». Évidemment, ce n’est pas pour demain.

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
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