L’Europe sans Schengen : un risque de retour aux politiques unilatérales de frontières nationales ?

Express.be – 22/02/2016 – Audrey Duperron –

Ceux qui pensaient qu’un possible Brexit constituait la plus grande menace pour l’Union européenne devraient avoir changé d’avis depuis jeudi soir. L’Autriche a annoncé qu’elle allait introduire des contrôles sur le champ à ses frontières avec l’Italie, la Slovénie et la Hongrie. En outre, le pays veut limiter les entrées de réfugiés à 80 par jour.

On craint maintenant pour une réaction en chaîne, et que d’autres pays de l’UE suivent cet exemple, après l’annonce de la Slovénie qu’elle prendrait les mêmes mesures que l’Autriche par solidarité.

Tous les réfugiés bloqués en Grèce

Si les pays du Visegrád (Hongrie, Pologne, Slovaquie et République tchèque) décident de faire la même chose, tous les réfugiés seront donc bloqués en Grèce, pourtant le dernier pays de l’UE à avoir la capacité de gérer une telle catastrophe humanitaire. Le Premier ministre grec Alexis Tsipras menace maintenant de bloquer tout accord entre l’UE et la Grande-Bretagne, tant qu’il n’aura pas obtenu l’assurance que la frontière demeurera ouverte entre son pays et la Macédoine. Cette frontière est vitale pour le passage de réfugiés en provenance de la Grèce vers le reste de l’Europe.

La vision de Viktor Orban semble l’avoir emporté sur celle d’Angela Merkel – Geert Vanden Wijngaert/AP/SIPA

RIP Schengen?

Si un miracle politique ne se produit pas rapidement, l’accord de Schengen – un pilier de la construction européenne – sera rapidement troqué contre des politiques unilatérales de frontières nationales.

La Turquie

D’autres éléments intéressants ont été annoncé vendredi en marge du sommet de l’UE : des 160.000 réfugiés qui ont été répartis entre les différents pays de l’UE, seuls 600 ont été effectivement installés. Il a été convenu que la Turquie bloque l’arrivée des réfugiés en échange de 3 milliards d’euros, mais cet accord est un fiasco. Malgré la période hivernale, chaque semaine, 10.000 à 15.000 nouveaux réfugiés arrivent sur les rivages des îles grecques. Un sommet avec la Turquie a été convenu pour début mars; c’est le dernier espoir pour la chancelière allemande Angela Merkel, qui est de plus en plus isolée.

Les allocation pour les enfants de travailleurs Polonais

Politico : “Avec l’effondrement de l’accord de Schengen sur les frontières ouvertes, l’afflux de réfugiés qui ne montre aucun signe d’affaiblissement et la réticence de certains pays membres de l’UE  à accueillir des demandeurs d’asile, le “Brexit” n’est plus qu’une nuisance mineure pour Merkel.

Certains s’inquiètent qu’il soit même devenu un trop grand sujet de distraction. Au lieu de régler la menace existentielle qui pèse sur l’UE – les réfugiés – les dirigeants sont coincés dans des bureaux sans fenêtre à Bruxelles pour discuter de la manière de limiter les allocations pour les enfants des Polonais qui travaillent au Royaume-Uni”.