Economie – Retour au pays

Le Monde | 09.03.2016
Casino : l’appel du pays
Fini les plaisirs de la samba brésilienne et des plages thaïlandaises. En  2016, Casino range son bermuda et revient au pays. La déconfiture du Brésil et l’envolée de sa dette condamnent l’épicier de Saint-Etienne, si conquérant en  2010, à la modestie.
Les résultats 2015, publiés mercredi 9 mars, le confirment avec un recul du chiffre d’affaires (–4,8  %), des bénéfices (–   26  %) et une dette gonflée à plus de 6  milliards d’euros.
La séquence 2015 ressemble à de longues manœuvres de repliement de toile par gros temps pour un navire qui pèse plus de 46  milliards de chiffre d’affaires. A la rentrée scolaire 2015, le groupe a présenté un premier plan de désendettement à base de cession d’actifs. Mais en décembre, un spéculateur américain, Muddy Waters, met les pieds dans le plat. Dans une analyse, il critique la sincérité des comptes de l’entreprise, son mode de gouvernance et ses performances.
Objectif atteint pour le financier, l’action de la société chute de 15  % le jour de la publication de sa note. Et qu’importe si les analystes ne partagent pas son scénario noir, les marchés s’inquiètent. La croissance ininterrompue de l’entreprise depuis 2005 et accélérée à partir de 2010, notamment par l’expansion au Brésil, en Thaïlande et au Vietnam, a alourdi les comptes d’un groupe, dont la structure de contrôle est jugée trop opaque.
Réaction immédiate de la société à cette inquiétude, l’annonce en décembre d’un deuxième plan de désendettement. Ce sont les pépites au Vietnam et en Thaïlande qui sont mises en vente. Ironie de l’histoire, beaucoup de ces actifs ont été achetés et parfois arrachés à l’adversaire de toujours, Carrefour. Et c’est désormais ce dernier qui, après avoir beaucoup cédé, se reprend à rêver d’horizons lointains.
Edifice déséquilibré
Pour Casino, le revirement est spectaculaire. Selon Credit Suisse, la part de la France devrait passer de 39  % en  2014 à 72  % en  2016. Avec une conséquence sympathique, la réduction spectaculaire de la dette de près de 4  milliards. L’engagement sera suivi de près par Standard &  Poors, qui, en janvier, a placé Casino sous surveillance négative. Et le désagréable Muddy Waters ( » eaux troubles « , en anglais) en a rajouté une louche, mardi 8  mars, en critiquant une fois encore les comptes et la gestion de l’ensemble.
Car l’édifice, qui se voulait équilibré entre un marché hexagonal mature et des poches de croissance au-delà des mers, ne l’est plus vraiment quand, de nouveau, la France représente plus des deux tiers des ventes totales. La difficulté est que la rentabilité des activités sur son territoire est minée par une guerre des prix dans les hypers depuis trois ans sous l’influence de Leclerc. D’où la priorité mise sur le premium (Monoprix) et la proximité (Franprix). Casino promet une amélioration substantielle de sa marge. Il y va de son intérêt, car les nombreuses fées qui se penchent sur son berceau ne sont pas toutes bien intentionnées.
Philippe Escande Journaliste au Monde

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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