Le Sénat s’oppose aux toitures végétalisées

Univers Nature – 09/03/2016 – Article écrit par Marine (voir la biographie)
Exemple-de-5ème-façade
En mars 2015 de nombreux journaux et journalistes se réjouissaient d’un amendement adopté par l’Assemblée Nationale dans le cadre du projet de loi « pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages ». Cet amendement stipulait que tout nouveau bâtiment situé en zone commerciale devait avoir une 5ème façade, c’est-à-dire une obligation d’installer des dispositifs végétalisés ou de production d’énergies renouvelables sur toute ou partie des toitures.
Un an plus tard, et après un passage au Sénat, cet amendement a tout simplement été supprimé. Et pour cause, le Sénat y voit un impact négatif sur « la vitalité économique et sur l’emploi dans nos territoires » et argumente sur le manque d’études. Le Sénat clame que « la surcharge pondérale des végétaux ou des panneaux photovoltaïques nuirait au bilan carbone des centres et poserait de graves problèmes de climatisation et d’aérations, aboutissant à augmenter la consommation énergétique ». Le Sénat n’a donc pas entendu l’argumentation de la député Mme Abeille qui lors de la présentation de l’amendement devant l’Assemblée Nationale expliquait les nombreux bénéfices de cette 5ème façade : une meilleure isolation thermique en plus d’une production d’énergie qui pourrait couvrir les besoins énergétiques du bâtiment, la limitation du ruissellement (les toitures végétalisées augmentent la capacité d’absorption des eaux de pluie), la lutte contre les îlots de chaleur en ville et surtout la reconquête de la biodiversité. De plus, les industriels, qui critiquent le surcoût de telles installations, rentreraient néanmoins dans leurs frais sur le long terme.
Cependant si l’État n’aide pas à la transition verte directement, l’idée des immeubles « verts » séduit de plus en plus. On constate une augmentation de projets similaires, notamment illustré par le projet « Réinventer Paris ». La priorité de ce projet est certes le logement, mais l’innovation environnementale y est aussi très présente. On remarque que les architectes sont de plus en plus conscients du besoin de changement dans nos villes ; les 22 projets retenus mettent en avant le végétal et l’environnement. L’adjoint à la Maire de Paris, en charge de l’urbanisme, expliquait pour la compétition qu’il était essentiel de considérer la consommation et la récupération d’énergie, l’intégration de matériaux écologiques, l’expérimentation de végétalisations innovantes et la concrétisation de l’objectif « zéro déchet, zéro carbone ». Dans un esprit semblable, ce projet a aussi encouragé l’utilisation de lieux délaissés dont le potentiel peut se révéler formidable pour l’environnement (sous-sols, toits, friches) et qui permet de valoriser des espaces inattendus.

luxembourg

Le Palais du Luxembourg où les sénateurs siègent (de temps à autre…)
Suite à cet article, quelques unes des  réactions sur le site d’Univers Nature :
– Oui nous avons malheureusement un sénat rétrograde, survivance du vieux monde. Les toits végétalisés, les pesticides… tous sujets sur lesquels la position du sénat montre une méconnaissance totale des réalités et des enjeux de notre époque…
– En Suisse, les toits végétalisés sont la règle depuis longtemps, ils sont même obligatoires dans certains cantons. Et, aucun de ces toits ne s’est jamais écroulé !
Encore une occasion de démontrer l’inutilité de cette coûteuse assemblée !
– Le vrai domaine d’expertise des sénateurs est de connaître les bonnes tables autour du Jardin du Luxembourg où se faire accueillir par les lobbyistes.

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
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