Planète – Réintroduction historique de trois tigres de Sibérie en Russie (vidéo)

Notre Planète révision : 17 mars 2016

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Avant d’être relâché dans la nature, les tigres sont mesurés et pesés, sous anesthésie
© VL.ru
Trois tigres de Sibérie orphelins, deux mâles et une femelle, viennent d’être relâchés dans l’Extrême-Orient russe.
Il s’agit de la plus grande opération de remise en liberté de tigres de Sibérie de l’histoire, rendue possible grâce aux efforts conjoints du Fonds international pour la protection des animaux, de Special Inspection Tiger, de l’A.N. Severtsov Institute of Ecology and Evolution, de l’Académie des sciences russe et de la Wildlife Conservation Society (WCS).
Le tigre de Sibérie ou tigre de l’Amour (Panthera tigris ssp. altaica) est principalement présent en Russie. Avec une population estimée à seulement 360 individus contre 400 il y a quelques années, l’espèce est présente sur la Liste Rouge des espèces menacées et considérée comme « en danger d’extinction » malgré une conservation relativement réussie puisque dans les années 1930, la population ne dépassait pas les 20 à 30 animaux.
« On estime qu’à l’heure actuelle, 360 tigres de Sibérie vivent encore à l’état sauvage en Russie, contre plus de 400 au début du siècle. Les tigres sont principalement menacés par le braconnage et la destruction de leur habitat, imputable à la déforestation et aux incendies. Le déclin des populations de mammifères ongulés de la région, à la base de leur alimentation, ajoute encore à la détresse des félins. Ces facteurs cumulés sont responsables de la mort d’un nombre croissant de tigresses. Les petits tigres orphelins, affamés et épuisés, errent alors vers les villages à la recherche de nourriture », explique Maria Vorontsova, Directrice régionale d’IFAW Russie. « Chaque vie compte si nous voulons sauver cette espèce en voie de disparition. Nous avons remis ces trois tigres en liberté dans une région où aucun tigre n’a été aperçu depuis de nombreuses années et où nous pensons qu’ils ont entièrement disparu. Confortés par le succès de nos précédentes opérations, nous pensons qu’ils ont toutes les chances de survivre dans la nature », affirme-t-elle.
Les tigres de Sibérie sont principalement menacés par le braconnage, l’exploitation forestière, les incendies de forêt et la disparition de leurs proies.
Jeudi 22 mai 2014, après une longue période de réadaptation, trois tigre de l’Amour ont été relâchés dans la réserve de nature et de vie sauvage « Zhelundinsky« , à l’extrême est de la Russie, près de la frontière chinoise. Il y a près de 50 ans que les tigres de l’Amour ont disparu de cette région. Mais les évaluations récentes indiquent que nombre de proies sont suffisantes et l’habitat convenable pour assurer la survie des tigres. Une excellent occasion de recoloniser l’habitat perdu du tigre de l’Amour dans l’Extrême-Orient russe.
Trois jeunes tigres relâchés dans la nature
Parmi les tigres de Sibérie relâchés, deux frères : Borya et Kuzya, retrouvés près d’Andreevka, dans le Primorié, au mois de novembre 2012. Ils étaient alors accompagnés d’un troisième bébé femelle qui est malheureusement décédé un peu plus tard, probablement des suites d’une infection par le calicivirus félin. Les tigres secourus avaient été transportés au Centre de réhabilitation de la vie sauvage à Alekseevka, dans la même région. Âgés de quatre mois lors de leur découverte, les tigrons ne pesaient alors que 13 kilos, très affaiblis et meurtris par des engelures.
Durant leur réhabilitation les tigres recueillis ont chacun adopté un comportement différent. Kuzya, plus passif que son frère, passait son temps à observer son environnement ; Borya, à l’inverse, ne tenait pas en place et partait régulièrement explorer son nouvel habitat.
Une tigresse, plus tard baptisée Svetlana, a également été retrouvée le 9 janvier 2013, près du village de Svetlogory, dans le Primorié, et apportée au centre de réhabilitation d’Utes. Le bébé tigre souffrait d’engelures et était très amaigri, ne pesant que 29 kilos à presque sept mois.
Le troisième tigre relâché est une femelle baptisée Ilona. Elle a été retrouvée le 25 février 2013, alors qu’elle était âgée de 6 à 7 mois. Dans un premier temps, elle a été prise en charge dans le Centre de réhabilitation de la vie sauvage de Khabarovsk.
Les cinq tigres secourus ont été placés dans un centre dédié aux espèces menacées d’extinction construit par le Severtsov Institute of Ecology and Evolution et Inspection Tiger à côté du village d’Alekseïevka, dans le kraï du Primorié. « Les tigres ont été préparés à regagner la vie sauvage. Ils sont en bonne santé et parviennent à traquer et chasser leurs proies tout en évitant les humains », explique le Dr. Viatcheslav Rozhnov, Sous-Directeur du Severtsov Institute of Ecology and Evolution. De plus, pendant le processus de réhabilitation, les tigres n’ont eu aucun contact avec des humains et étaient surveillés à distance à l’aide de caméras.

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Un des deux mâles en captivité avant sa réintroduction dans la nature
© Phoenix Fund
Le 20 mai 2014, les trois tigres à libérer ont été pesés et mesurés, puis équipés de colliers satellite. « Les félins ont été placés dans des caisses de transports construites sur mesure et ont parcouru les quelque 1 300 kilomètres qui les séparent de leur nouvelle maison, située dans une aire protégée de l’Oblast d’Amour. Un vétérinaire d’IFAW était également du voyage pour surveiller leur état de santé » précise l’association IFAW.
Les deux frères ont immédiatement quitté leurs cages dès l’ouverture de la porte. Il n’en fut pas de même pour la femelle qui, bien qu’agitée, est restée de longues minutes dans sa cage, avant de s’élancer à son tour à la conquête de son nouveau territoire.
Une autre vidéo est disponible sur le site russe Ria.
Selon les associations qui veillent à la protection des tigres, les mères de ces trois petits tigres ont été tuées par des braconniers.
Maintenant hors de danger, ils retournent dans la nature sans assistance humaine. Toutefois, ils seront suivis par satellite grâce à leurs colliers émetteurs qui se détacheront automatiquement dans un an.
Vladimir Poutine, le président de la Fédération de Russie connu pour son engagement dans le projet de réhabilitation des tigres de Sibérie, assistait à cet événement soutenu par l’État russe qui s’emploie à les protéger dans leur habitat sauvage en réprimant fortement la chasse illégale. Ainsi en témoigne la condamnation d’un chasseur russe à 14 mois de travail disciplinaire et une amende de 18 500 dollars, fin décembre 2012, reconnu coupable d’avoir tué un tigre de Sibérie. De plus, ses droits de chasse ont été révoqués et son arme confisquée rapporte le WWF.
Le tigre de Sibérie Kuzya a passé la frontière chinoise
Grâce aux colliers satellites dont ils les ont équipés, les experts et chercheurs d’IFAW participant au projet de réhabilitation reçoivent quotidiennement des données leur permettant de localiser les animaux remis en liberté[1]. C’est ainsi qu’ils ont pu constater à la mi-octobre 2014 que Kuzya avait profité des couloirs transfrontaliers aménagés pour traverser le fleuve Amour et pénétrer en territoire chinois.
Quant à Borya, son caractère dominant pourrait être à l’origine de son attachement particulier pour la femelle Illona et expliquerait sa tendance à rester proche du lieu où ces trois tigres ont été relâchés. Il semble en revanche que Kuzya ait quitté les lieux et décidé de partir à la conquête d’un nouveau territoire.

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Cette nouvelle inquiète toutefois l’IFAW : « sur le territoire chinois, l’agriculture est largement plus développée qu’en Russie. La survie de Kuzya dépendra donc de sa capacité à trouver de quoi se nourrir sur ce nouveau territoire, tout en évitant les conflits avec les humains. Pour l’instant, Kuzya essaie tant bien que mal d’éviter les terres habitées par les hommes en s’écartant le moins possible de la forêt. Néanmoins, les images envoyées par satellite indiquent qu’il a déjà traversé des champs cultivés à plusieurs reprises. » C’est pourquoi, « afin d’anticiper le moindre conflit tigres-humains, le bureau d’IFAW en Chine fait actuellement son possible pour relayer les déplacements de Kuzya aux organismes officiels de protection de la nature sauvage du pays.
Des réintroductions prometteuses
Ce n’est pas la première fois que ce type de réintroduction est conduite mais jamais avec autant d’animaux en même temps. En effet, Severtsov Institute of Ecology and Evolution et Inspection Tiger mettent en œuvre un programme spécialisé de réhabilitation des tigres de Sibérie qui a déjà fait ses preuves[2]. Un an auparavant, une tigresse prénommée Zolushka avait ainsi été relâchée avec succès. Les informations récemment recueillies et les images enregistrées à l’aide de pièges photographiques placés dans la forêt montrent que l’animal a parfaitement réussi à se réadapter à son habitat naturel, se réjouit IFAW.
Deux autres tigres, la femelle Svetlaya et le mâle Ustin, devraient être remis en liberté au début du mois de juin 2014.
Deux tigres de l’Amour vivent une idylle
IFAW continue de suivre la nouvelle vie sauvage des tigres remis en liberté et les nouvelles sont très prometteuses.
Svetlaya et Borya sont actuellement dans la réserve protégée de « Zuravliny », dans l’oblast autonome juif où ils sont surveillés[3] à distance par les pièges photographiques installés sur leur territoire montrent que « les tigres remis en liberté se sont bien adaptés à leur nouvelle vie » indique IFAW qui ajoute : « Borya a parcouru plus de 500 kilomètres pour retrouver la trace de Svetlaya, qui ne l’avait jusqu’alors côtoyé que dans l’enclos du centre de réhabilitation. » Ils se sont retrouvés en décembre 2015 et pourraient avoir formés un couple : « le couple a été aperçu en train de se reposer, de jouer et de chasser ensemble. Des carcasses de sangliers portant la marque des tigres ont ainsi été retrouvées sur pas moins de quinze sites de chasse. Cela pourrait signifier que (…) Svetlaya donnera naissance à des petits au printemps. »
Notes
Ces deux associations bénéficient de l’aide financière d’IFAW et du Phoenix Fund.
IFAW rappelle que ces informations envoyées par satellite sont classées « strictement confidentielles » afin d’éviter de mettre les braconniers sur la piste des tigres en voie d’extinction.
La surveillance de ces tigres de Sibérie est opérée conjointement par le PRPO Center Tiger, le Département d’inspection des chasses de l’oblast autonomie juif, la Wildlife Conservation Society (WCS), l’A.N. Severtsov Institute of Ecology and Evolution de l’Académie des sciences russe et les réserves naturelles de Bastak et de Khingansky, avec le soutien du Phoenix Fund et d’IFAW.
Sources
Une réintroduction historique de tigres de Sibérie en Russie – IFAW
Recovery of tigers in amur oblast: the journey begins – WCS Russia
Три тигра вернулись в дикую природу – Phoenix Fund
Visit to Zhelundinsky nature and wildlife reserve – President of Russia
Putin frees three endangered Siberian tiger orphans into the wild – The Siberian Times
Auteur :
Christophe Magdelaine / notre-planete.info

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Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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