Des ouvriers étrangers travaillant à la construction du stade d’Al-Wakrah, l’une des enceintes qui accueilleront les matchs de la Coupe du monde de football de 2022, rentrent dans leurs logements, le 4 mai 2015. MARWAN NAAMANI, MARWAN NAAMANI / AFP
Cette nouvelle saillie ne va pas contribuer à redorer le blason terni du Qatar. Dans un rapport sans concession rendu public jeudi, Amnesty International fustige les « conditions de vie désastreuses » des ouvriers étrangers – pour la plupart venus d’Asie (Inde, Népal, Bangladesh) – travaillant sur les chantiers de la Coupe du monde de football de 2022, que Doha accueillera sur son sol. The Guardian
L’ONG de défense des droits de l’homme, sise à Londres, dénonce le recours systématique au travail forcé, adressant au passage un « carton rouge » à la Fédération internationale de football (FIFA) qui, selon elle, « ne fait pas grand-chose » pour remédier à cette pratique. BBC, CNN
« La litanie des abus subis par la plupart des travailleurs au Qatar est accablante », insiste-t-elle. Et de citer, entre autres, les « logements sordides surpeuplés, la tromperie quant à la rémunération ou au type de travail offert, le non-versement ou paiement en retard des salaires et la non-délivrance de permis de séjour par des employeurs, ce qui fait courir le risque aux ouvriers d’être arrêtés et expulsés en tant que “fugueurs” ».
Elle critique également la « kafala », ce système de « parrainage » local qui fait des salariés la quasi-propriété de leur employeur ; une forme de tutelle assimilée à de l’esclavage moderne. Deutsche Welle
Une situation d’autant plus préoccupante que les travailleurs migrants représentent plus de 90 % de la main-d’œuvre du pays (2,1 millions d’habitants en 2014).
Ces critiques s’ajoutent à celles, particulièrement virulentes, qui ont entouré l’attribution du Mondial de 2022 à l’émirat, en décembre 2010. Plusieurs accusations de corruption ont été lancées, que les autorités qatariennes ont toujours récusées. The Financial Times
Pour tenter de faire bouger les lignes, Amnesty International a appelé plusieurs sponsors internationaux du Mondial – parmi lesquels Adidas, Coca-Cola et McDonald’s – à faire pression sur la FIFA pour que celle-ci protège davantage les droits des ouvriers. Mais osera-t-elle se dresser contre Doha ? Newsweek
Lire notre reportage : Mondial 2022 : les damnés de Doha
Le Monde 03 avril 2016