Vue du panneau indiquant l’emplacement des locaux de Mossack Fonseca, la société spécialisée dans la création de sociétés offshore à l’origine des « Panama papers », le 3 avril. EDUARDO GRIMALDO / AFP
Ce sont des révélations qui, une nouvelle fois, jettent une lumière crue sur les sombres arcanes de la finance internationale et les errements auxquels se livrent, en toute impunité, les riches et puissants de la planète – chefs d’Etat ou de gouvernement, milliardaires, grands noms du sport et célébrités. BBC, Süddeutsche Zeitung
Avec 106 autres médias de 76 pays, Le Monde a eu accès à près de 11,5 millions de documents révélant l’existence d’un vaste système d’évasion fiscale au niveau mondial, dans lequel sont impliquées, entre autres, 140 personnalités internationales.
Ces documents, obtenus par le truchement d’une source anonyme au sein de la firme panaméenne Mossack Fonseca – spécialisée dans la création de sociétés offshore –, représentent la plus grande fuite de données de toute l’histoire du journalisme.
Ils mettent au jour les agissements frauduleux de certains hauts dirigeants politiques. Ainsi du président de la Russie, Vladimir Poutine, qui, avec sa coterie, use de nombreux montages offshore pour son propre profit et celui de l’oligarchie nationale. El Pais
Le montant de leurs avoirs cachés s’élèverait à 2 milliards de dollars, rapporte The Guardian, qui évoque au passage le rôle-clé de Sergueï Roldouquine, violoncelliste professionnel et homme de paille du maître du Kremlin.
Le premier ministre de l’Islande, Sigmundur David Gunnlaugsson, et son épouse, ainsi que les ministres des finances et de l’intérieur sont également visés, à des degrés divers, ce qui pourrait provoquer une crise politique dans le pays. De fait, l’opposition devrait dès cette semaine réclamer au Parlement la tenue d’élections anticipées.
Les « Panama papers » n’épargnent pas non plus le milieu sportif, en particulier la sphère footballistique. Les noms de Michel Platini (président suspendu de l’UEFA), Jérôme Valcke (ex-numéro 2 de la FIFA) et de l’Argentin Lionel Messi (vedette du FC Barcelone et quintuple Ballon d’or) apparaissent dans les fichiers.
Face à cette avalanche d’informations compromettantes, qui seront distillées tout au long de la semaine, Mossack Fonseca, loin de venir à résipiscence, s’arc-boute sur le principe de confidentialité et dénonce un « crime ». « Notre société n’encourage ni ne promeut les actes illicites », se défend Carlos Sousa, son directeur des relations publiques.
Pourquoi de telles révélations ? Comme l’explique The Guardian, il ne s’agit pas de stigmatiser le fait vouloir protéger sa fortune – ce qui, en soi, n’a rien d’illégal – mais un système opaque qui, en bénéficiant exclusivement à une élite, et non au contribuable ordinaire, creuse un peu plus le fossé entre riches et pauvres.
Le Monde 04/04/2016
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Frédéric Baylot
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