« Au-delà même de cette  » Nuit debout  » qui ne veut pas se coucher, quelque chose se lève »

LE MONDE | 07.04.2016
Des centaines de manifestants participent à des discussions lors d’une « AG » (assemblée générale) organisée au cours de la sixième « Nuit debout », le 5 avril 2016 sur la place de la République à Paris.

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Ce mouvement né de l’occupation de la place de la République après la manifestation contre la loi Travail du 31 mars, attire de plus en plus de monde chaque soir autour d’animations et de débats. OLIVIER LABAN-MATTEI / MYOP POUR « LE MONDE »
Par François Cusset, écrivain
Il y a des signes qui ne trompent pas. Au fil des défilés de ces dernières semaines comme de ces premières Nuits debout passées par quelques milliers de veilleurs sur les places d’une cinquantaine de nos villes (avant l’évacuation rituelle à l’aube), il y a des signes auxquels on reconnaît qu’il se passe quelque chose de neuf, que ce qui a lieu n’est qu’un début ou encore, comme le philosophe Frédéric Lordon le lançait à la foule de la place de la République, à Paris, le soir du 31 mars, que « nous sommes en train de faire quelque chose ».

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Signes épars, mais clairs. Comme ces manifestations sauvages, mobiles et masquées, rejointes par beaucoup plus que la poignée habituelle d’anarchistes, et démarrant juste après l’arrivée du cortège officiel. Ces assemblées citoyennes, aussi, où la circulation de la parole et l’ambition collective posément affirmée n’ont plus rien à voir avec les assemblées générales de mars.
Quant à la volonté réfléchie de ne rien revendiquer, qui fut reprochée par les bons esprits au mouvement Occupy Wall Street de 2011, elle consomme la rupture avec un ordre politique qui n’est plus reconnu comme légitime, avec lequel on refuse, pour de bon, de discuter. Sans compter tags et slogans qui, comme en d’autres temps, ouvrent sur de plus vastes horizons : «  Le monde ou rien !  », ou juste : « Ni loi ni travail », pour rappeler qu’avec ou sans projet de loi ce dont on ne veut plus, c’est la vie de précaire modulable ou d’autoentrepreneur à perte qui est tout ce que le vieux monde en crise peut proposer.
Et, à République, on ne fait pas que danser : on rédige une « Constitution de la République sociale », on prépare une université populaire, une vraie, une demi-douzaine de commissions soumettent leurs propositions à l’assemblée quotidienne.
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Un monde inhabitable
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François Cusset est écrivain, professeur à l’université de Paris-Ouest-Nanterre. Il est notamment l’auteur de « Les jours et les jours » (POL, 2015).

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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