Le FN la tête haute, toujours

Le Canard Enchaîné 06/04/2016 –

C’est un des slogans historiques du Front national : « Tête haute et mains propres ». Le parti d’extrême droite n’a cessé de s’attribuer cette double qualité : la fierté – notamment celle d’« être français » et de défendre, seul contre tous, les intérêts fondamentaux du pays – et la probité, à l’écart du « système » supposé corrompu (la Ripoublique) et à l’abri de tout tripatouillage financier.

Mis en cause par Le Monde dans l’affaire « Panama Papers », Frédéric Chatillon est le meilleur pote de Marine Le Pen et le principal prestataire de services de son parti. Certes, il est le pédégé de Riwal, qui fabrique et facture affiches et kits de campagne du FN. Mais il n’est pas le trésorier du parti (c’est Walleyrand de Saint-Just) ni le dirigeant de Jeanne, le microparti qui prête de l’argent (avec intérêts) pour acheter les kits estampillés Riwal.

Frédéric Chatillon a simplement été mis en examen en janvier 2015 pour pour faux et usage de faux, escroquerie, abus de biens sociaux et blanchiment d’abus de biens sociaux dans le cadre de l’information judiciaire concernant le financement des campagnes électorales du FN pour les cantonales de 2011, la présidentielle et les législatives de 2012. Il été mis en examen une deuxième fois, en avril 2015, pour financement illégal de parti politique. Et Marine Le Pen a tout à fait raison de rappeler que Chatillon n’a pas de liens juridiques avec le FN. 

Les dernières révélations du Monde (5/4) issues des « Panama Papers » permettent néanmoins d’apprécier la virtuosité financière de Chatillon, qui a lis en place un système sophistiqué offshore, entre Hong-kong, Singapour, les îles Vierges britanniques et le Panama pour sortir un peu plus de 300 000 euros de France. Le tout avec la complicité d’un autre proche de Marine, Nicolas Crochet, qui fut commissaire aux comptes des candidats frontistes aux législatives de 2012. Mais, comme d’habitude, aucun rapport avec le FN, qui continuera de dénoncer « la Ripoublique« .