Russie – Poutine et sa nouvelle « garde prétorienne »

Vladimir Poutine, le président de la Russie, a annoncé la création d’une garde nationale visant à combattre le terrorisme et le crime organisé. Une « garde prétorienne » pour verrouiller un peu plus le pouvoir ?

Le Monde 08/04/2016

Politicien habile et stratège roué, Vladimir Poutine a l’obsession de l’ordre. Le président de la Russie vient d’annoncer la création d’une garde nationale issue d’une réorganisation des forces du ministère de l’intérieur, qui aura pour mission de combattre le terrorisme et le crime organisé. Voice of America, Newsweek

Cette nouvelle force, mise en place dans un contexte de raidissement sécuritaire et dont les effectifs n’ont pas été dévoilés, sera dirigée par Viktor Zolotov, un très proche du chef du Kremlin.

Vladimir Poutine, suivi du général Viktor Zolotov, alors chef de son service de sécurité, à Vienne, le 24 mai 2007. ALEXANDER NEMENOV / AFP

Zolotov, par ailleurs membre du conseil de sécurité de la Fédération de Russie, a été pendant plusieurs années à la tête du service de sécurité rattaché à M. Poutine. Deutsche Welle

Les deux hommes se sont connus au début des années 1990. A l’époque, tous deux travaillent pour Anatoli Sobtchak, le maire de Saint-Pétersbourg – M. Poutine en tant que conseiller, M. Zolotov en qualité de garde du corps, précise The Moscow Times.

Pourquoi instaurer maintenant ce que certains observateurs décrivent comme une « garde prétorienne sous stéroïdes » ? Le Financial Times – filant la métaphore historique – estime que le chef de l’Etat cherche à « consolider son autorité à la manière de Jules César », à un moment où le pays fait face à des difficultés économiques qui pourraient aboutir à un mouvement de contestation sociale.

D’aucuns émettent l’hypothèse selon laquelle il chercherait à prévenir des troubles potentiels avant la tenue des élections législatives, en septembre. BBC

Pour Emilia Slabunova, cheffe du parti libéral Iabloko (opposition), il est clair que « les autorités tentent de se prémunir contre d’éventuelles protestations ».

L’analyste militaire indépendant Alexander Golts pense que le pouvoir est hanté par les « révolutions de couleur » qui ont rebattu les cartes politiques dans les pays voisins, en Géorgie (« révolution des roses », en 2003) et en Ukraine (« révolution orange », en 2004-2005). Une perspective que M. Poutine et sa camarilla veulent à tout prix éviter…