Devenir végétarien peut sauver des millions de vies humaines tout en diminuant l’effet de serre

notre-planete.info – 04/04/2016 – Christophe Magdelaine
buffet-legumesBuffet de légumes locaux et de saison
Si les petits gestes quotidiens de l’éco-citoyen sont essentiels pour être responsable et respectueux de notre support de vie, ce que nous mangeons a une importance primordiale pour notre santé et notre environnement et constitue sans doute notre levier d’action le plus puissant et le plus accessible.
Une nouvelle étude publiée par l’Académie nationale des sciences américaine montre que les régimes alimentaires pauvres voire dépourvus de produits animaux sont les plus sains et les plus durables. Pour la première fois, cette nouvelle analyse estime qu’un changement de régime alimentaire (moins de viande, plus de fruits et légumes) nous apporterait des bénéfices environnementaux et sanitaires significatifs. Ainsi, selon les scénarios établis à l’horizon 2050, la mortalité mondiale pourrait diminuer de 6 à 10 % et les émissions de gaz à effet de serre de 29 à 70 %, par rapport à un scénario de référence « business as usual ». C’est tout simplement considérable. En outre, les gains économiques engendrés ont été estimés entre 1 à 31 milliards de dollars US selon les scénarios, ce qui équivaut à 0,4 à 13% du produit intérieur brut (PIB) mondial de 2050.
Alimentation et empreinte écologique
Opter pour un régime alimentaire axé sur les fruits et légumes diminue la pression de l’agriculture sur l’occupation du sol tout en assurant l’accès à des aliments sains, abordables et capables de répondre à une population mondiale croissante. En effet, 30 % des terres émergées de notre planète sont utilisées pour l’élevage et la nourriture du bétail, c’est autant de territoires arrachés à la nature dont la biodiversité est essentielle pour maintenir les équilibres écologiques.
Alimentation et changement climatique
Notre alimentation est responsable de plus d’un quart de l’émission de tous les gaz à effet de serre (GES), et même jusqu’à 80 % des émissions pour certains gaz. C’est pourquoi, nos choix alimentaires au quotidien ont un impact très fort sur la hausse des températures et les changements climatiques associés, bien plus que les options technologiques envisagées pour atténuer les effets des changements climatiques, des énergies renouvelables à la géo-ingénierie climatique*.

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Alimentation et risques pour la santé
Une consommation élevée de viande rouge et transformée (sous la forme de charcuterie principalement) et pauvre en fruits et légumes représente un facteur de risque importants pour la santé. En effet, ce type de régime alimentaire est à l’origine d’une mortalité précoce substantielle dans la plupart des régions du monde, notamment à cause des maladies chroniques (maladies coronariennes, accident vasculaire cérébral, diabète de type 2, et le cancer). Ces quatre états pathologiques ont représenté environ 60% des décès de maladies non transmissibles et environ 40% des décès dans le monde en 2010.
Les résultats de cette étude montrent qu’en diminuant notre consommation de viande, une mortalité précoce peut être évitée. Les bénéfices augmentent selon le régime alimentaire qu’opterait la population mondiale en 2050 :
– peu de viande : 5,1 millions de décès évités, 79 millions d’années de vie sauvées ;
– végétarien (aucune chair animale) : 7,3 millions de décès évités, 114 millions d’années de vie sauvés ;
– végétalien ou végan (aucune chair animale, ni oeufs, ni produits laitiers) : 8,1 millions de décès évités, 129 millions d’années de vie sauvés.
Trois facteurs principaux expliquent les meilleurs résultats des régimes végétarien et végétalien :
– l’absence de consommation de viande, qui est maintenant officiellement cancérigène ;
– l’augmentation en parallèle de la consommation de fruits et légumes riches en phytonutriments et en vitamines ;
– le moindre risque de surpoids.
Réduire sa consommation de viande diminue de 45 à 47 % les risques de maladies coronariennes, de 26 % les AVC, de 16 à 18 % les cancers et de 10 à 12 % le diabète de type 2.
Vers une transition alimentaire
Sans modification de nos habitudes alimentaires, l’état de l’environnement continuera de se détériorer et les changements climatiques seront d’autant plus marqués. Marco Springmann, l’un des chercheurs du département de la santé publique de l’université d’Oxford, a déclaré : « Nous ne nous attendons pas à ce que tout le monde devienne végétalien, mais les impacts du changement climatique sur le système alimentaire vont être difficiles à gérer et vont sûrement demander plus que des simples changements technologiques. Adopter des régimes plus sains et plus respectueux de l’environnement serait un grand pas dans la bonne direction. »
La population mondiale continue d’augmenter et devrait dépasser les 9,6 milliards de personnes en 2050 selon des projections des Nations Unies, c’est autant de bouches supplémentaires à nourrir. En outre, la demande alimentaire dépend également de son poids. Ainsi, l’augmentation de la proportion de personnes en surpoids exerce une pression sur les ressources alimentaires de la planète, indiquait une étude britannique de 2012, dans un monde où déjà plus d’un milliard de personnes sont en surpoids.
La pérennité de nos civilisations passera nécessairement par une remise en cause profonde de nos régimes alimentaires. A nous d’en être les moteurs !
Christophe Magdelaine Christophe Magdelaine / notre-planete.info
* Lire :La guerre des nuages

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