Mouvement  » Nuit debout  » : la suite s’écrit chaque soir

La Nouvelle République 11/04/2016 05:36
Né sur un pari et prospérant à la faveur de l’opposition à la Loi Travail, le mouvement s’étend à la France entière.

Nuit debout

Une centaine à Niort dimanche … selon les organisateurs. – (Photo NR)
Mise à jour lundi 11 avril 8h30. A Paris, la police a commencé à évacuer à 5h30 ce lundi la centaine de personnes encore présente place de la République et les services de propreté de la Ville ont pris le relais pour enlever ce qu’il restait sur place. (AFP)
Une centaine à Tours au cœur de la nuit dimanche, autant à Niort, le triple à Poitiers assurent les organisateurs… Vingt pionniers à Châteauroux, les mêmes que la veille sans doute, mais il faut bien commencer.

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Le mouvement « Nuit debout », symboliquement installé place de la République à Paris le 31 mars, au début du mouvement contre la loi El Khomri, a essaimé dans près de soixante villes en France et semble vouloir durer un peu.
Sa structuration horizontale, agrégative et sans leaders apparents, déroute. Les forums permanents partout ouverts déconcertent. L’avenir politique de cet ovni, bousculant l’expression publique, n’est pas assuré mais contraint les forces traditionnelles à se renuméroter (cf. ci-dessous).
La suite de l’histoire s’écrit chaque soir, donc. Dans l’intervalle, retour sur un phénomène qui a pris en France tout le monde de court.
> Une éruption très orchestrée.
Le mouvement affichant une certaine spontanéité se rattache en réalité à l’initiative prise par le journal d’extrême gauche Fakir. Son rédacteur en chef François Ruffin, auteur d’un documentaire à charge contre le grand patronat connaissant un grand succès, lance le 23 février dernier à la Bourse du travail de Saint-Denis, lance un mort d’ordre relayé par les réseaux sociaux et baptisé « Leur faire peur ! ».
 « L’idée, explique-t-il c’était de faire converger des luttes dispersées. Qu’il s’agisse de Notre-Dame-des-Landes des ouvriers licenciés par «  Good Year  » à Amiens ou de la grogne des profs contre la réforme du collège. »
L’objectif est de se saisir de la dynamique enclenchée contre la loi Travail pour occuper durablement l’espace public.
L’élan s’organise adossé à Internet et aux réseaux sociaux.
> Des précédents récents et emblématiques.
Il faut un modèle lisible et non contraignant. Les mouvements Occupy ayant prospéré dans l’univers anglo saxon et celui des «  Indignés «  espagnols s’insurgeant contre les politiques d’austérité à partir de 2011, s’imposent naturellement.
La construction et le succès de Podemos, aujourd’hui force politique de renouvellement en Espagne est un aiguillon.
Un bouquet de revendications variées.
Issues des débats sur les places publiques, les propositions émises dépassent l’économique et le social et veulent enserre tous les aspects de la vie. Le droit au logement, la lutte contre les violences policières ou la démocratie par tirage au sort, sans oublier la baisse autoritaire des bas salaires font partie des revendications émises tous azimuts et portent la coloration de la vieille mouvance anarcho-alternative.
> Une communication aboutie.
Tweets, sites multiples parmi lesquels convergence-des-luttes.org, sans oublier l’usage de tous les supports de communication immédiate relaient les messages et les indications pratiques en temps réel, s’accommodant parfaitement de la fluidité de cette protestation. C’est une autre illustration de la révolution numérique.
et aussi
Constat de dégâts
La mairie de Paris demandera un simple « constat d’huissier » concernant les dégradations sur la place de la République devenue lieu de rassemblement du mouvement « Nuit debout ». Mais elle condamne les actes commis contre le commissariat du XIe arrondissement dans la nuit de samedi à dimanche. Par ailleurs, dans la soirée samedi plusieurs centaines de personnes participant à la « Nuit debout » parisienne avaient tenté de manifester devant le domicile du Premier ministre avant d’être dispersées..

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A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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