Des robots pour remplacer les agriculteurs, les industriels, les politiques et la FNSEA en rêvent !

Siné Mensuel – avril 2016 – Antoine Lopez –
L’agriculture 4.0 contre la vie des champs
Tracteurs robotisés, drones en veux-tu en voilà, animaux à puces RFID, robots à l’étable et au champ, lunettes 3D pour ausculter les plantes, vaches connectées, pneus « intelligents », voilà les contours de l’agriculture de sortie de crise vantée par la FNSEA au Salon de l’agriculture et chantée par l’Agriculture innovation 2025 du ministre Stéphane Le Foll. Une « agriculture 4.0 » qui poursuit la rupture technologique entamée avec la manipulation génétique des plantes et des animaux.
CSMGgjUWoAA7HkFPourquoi, à longueurs de saisons, se faire suer avec les animaux et les plantes ? il suffit de mettre en équation le big data des capteurs dissimulés partout et les tour est joué. Pourquoi s’enquiquiner avec les paysans ? Un ingénieur NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives) derrière un écran de contrôle du vivant fera l’affaire. Dans la ferme 4.0, la production met en équation les séquences de la vie rapportant du pognon. Le reste – la biodiversité, l’irrationnel et le gratuit – est bon pour la poubelle. Mais on prend soin de clamer que plus de robots, c’est mins de pesticides épandus et, à voix basse, que moins de paysans, c’est meilleur pour le climat et la planète. On a même prévu des robots pour biner les fermes bio. Alors, de quoi se plaindre ?
Lancé en 2008, à la suite du Grenelle de l’Environnement, le « plan écophyto » devait réduire de 50 % d’ici 2018 la quantité des pesticides épandus en France, avec ce qu’il faut de nouvelles technologies. Non seulement la consommation de ces produits cancérigènes, mutagènes ou neurotoxiques est en hausse de 9,4 %, lais le ministre Le Foll s’est opposé il y a quelques jours à l’interdiction des néonicotinoïdes, le plus dangereux des pesticides actuels. L’industrie agrochimique a dû appuyer sur le bon bouton : le ministère de l’Agriculture est déjà en mode robot.
Après avoir éliminé les paysans, pourquoi s’emmerder au sens strict avec des animaux dont les morceaux à valeur ajoutée peuvent être produits par des cultures de cellules souches ? La solution est déjà sur les paillasses. Les végétaliens, L214 et Brigitte Bardot vont perdre leur fonds de commerce : on va produire du steak, du lait, du jambon et de la saucisse sans souffrance animale ! Bientôt des imprimantes 3D défèqueront de la bavette sans bovin, du carré sans agneau, du râble sans lapin. Toute la nourriture sera aux mains de l’agroalimentaire.
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Un steak artificiel
Il ne restera plus qu’à modifier l’homme pour achever la vaste entreprise de domestication du vivant. Pour lui faire accepter la dernière marche, il suffira de lui dire qu’on « l’augmente ».

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
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