Les robots vont de plus en plus prendre nos emplois, mais ce n’est pas le chômage qui est le plus à craindre

Express Business – 18/04/2016 – Audrey Duperron –
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Ce que l’on oublie dans le débat concernant la robotisation, c’est le rôle essentiel du pouvoir de la négociation collective. Quand ce pouvoir est faible, ce qui est le cas actuellement, le risque est plus important pour la main d’œuvre, explique Duncan Weldon, qui dirige la recherche chez Resolution Group, une firme d’investissement dans les services financiers, dans une tribune du Financial Times.
Des recherches menées par l’Université d’Oxford ont indiqué que près de la moitié des emplois américains étaient menacés d’être pourvus par des robots ou des algorithmes.

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On pourrait se rassurer en se disant qu’il ne pourrait s’agir qu’un de ces changements technologiques qui certes, suppriment des emplois à court terme, mais permettent d’en créer beaucoup plus à long terme, en raison des gains de productivité obtenus.  
Mais les précédentes révolutions industrielles ne se sont pas imposées doucement. L’interaction entre “l’effet de déplacement” (le fait que des personnes perdent leur emploi par l’arrivée de la technologie) et “l’effet de compensation” (les personnes qui profitent de ces emplois comportant plus de technologie sont plus productives, donc en théorie, mieux payées) comme les appellent les économistes, détermine la durée de cette période délicate pour l’économie.
En théorie, les salaires plus élevés versés à de plus en plus d’employés impliquent une hausse du pouvoir d’achat, qui se répercute sur tous les secteurs de l’économie, générant de la croissance et de nouveaux emplois.
Le contexte actuel n’est pas favorable
Mais cela pourrait ne pas se passer de façon aussi fluide. Les interactions du marché du travail sont rarement harmonieuses, elles sont plus souvent conditionnées par un contexte social et politique, ainsi que par les législations et les accords qui l’encadrent. Cela implique qu’une productivité plus élevée n’implique pas forcément des salaires plus élevés, et que le pouvoir de négociation collectif est déterminant.
Or, celui-ci est faible, actuellement. Il est donc possible que l’introduction de progrès technologiques ne se solde pas par des augmentations de salaires de la main d’œuvre, mais par la confiscation des gains de productivité par les propriétaires de ces technologies. Il y aurait bien substitution des emplois (et du chômage en conséquence), mais pas d’effet de compensation immédiat, ce qui implique une stagnation du niveau de vie, et une hausse des inégalités.
Il est donc crucial d’admettre que la hausse des salaires joue un rôle crucial pour l’économie dans un contexte de progrès technologique, et que le pouvoir de négociation collective a un rôle important à jouer dans ce contexte. “Cela implique d’examiner attentivement les institutions du marché du travail et les accords existants et de se demander s’ils pourront s’adapter à ce processus avant qu’il ne commence”, conclut l’auteur.
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