M le magazine du Monde | 23.04.2016 à 20h00 |
Ravagés par le chômage, l’alcoolisme et l’oubli, des dizaines d’Amérindiens du Nord canadien mettent fin à leur jour. Le chef d’une communauté très touchée par cette vague de suicides a déclaré l’état d’urgence.
Dans le village canadien d’Attawapiskat, plus de 100 Indiens Cris ont tenté de se suicider depuis septembre. Adrian Wyld / The Canadian Press / AP
Ils sont cinq jeunes, ce vendredi 15 avril, à avoir tenté de se suicider. La semaine précédente, ils étaient 13, dont un garçon de 9 ans, à avoir conclu un sinistre pacte : mettre fin à leurs jours. Alertées par un adulte ayant surpris leur conversation, les autorités les avaient immédiatement conduits à l’hôpital pour une évaluation psychologique.
« J’implore le gouvernement »
Car à Attawapiskat, on ne prend pas ce genre d’intention à la légère. Dans ce village de 2000 habitants dans le nord de l’Ontario, 86 membres de la nation Cris ont essayé de mourir en septembre dernier. Ils étaient 28 en mars. Même s’il est plus marqué chez les jeunes, le phénomène touche tous les âges, de 11 à 71 ans. Si bien que le chef d’Attawapiskat, Bruce Shisheesh, a déclaré l’état d’urgence et donné l’alarme. « J’implore nos amis et le gouvernement, nous avons besoin d’aide. J’ai des cousins et amis qui ont tenté de se suicider », a-t-il déclaré à la télévision canadienne.
Ce village autochtone n’est pas le seul à faire face à une vague de suicides. En mars, une autre tribu Cris, Pimicikamak, plus à l’ouest, dans le Manitoba, avait elle aussi déclaré l’état d’urgence après la mort de plusieurs adolescents et 140 tentatives et menaces de suicide en trois mois. Même phénomène chez les Inuits de Kuujjuak, dans l’Arctique québécois, avec le suicide de cinq jeunes, âgés entre 15 et 20 ans.
« Il y a depuis longtemps de graves questions de santé mentale et de toxicomanie dans certaines communautés. »