Australie – Immigration : le défi lancé à la politique australienne

Le Monde 29/04/2016

La Papouasie-Nouvelle-Guinée veut placer l’Australie face à ses responsabilités. Les autorités de Port Moresby ont ainsi annoncé mercredi la fermeture prochaine d’un camp de migrants géré par Canberra sur l’île de Manus. CNN

Cette décision fait suite à celle prise un peu plus tôt par la Cour suprême papouasienne, qui avait déclaré « illégal » et « inconstitutionnel » le placement de demandeurs d’asile sur cette île de 2 100 kilomètres carrés en échange de généreux subsides. The Wall Street Journal, The Christian Science Monitor

Des demandeurs d’asile du centre de rétention de Manus (Papouasie-Nouvelle-Guinée), le 21 mars 2014. STRINGER / REUTERS

Ce système d’« externalisation », connu sous le nom de « Solution du Pacifique », a été mis en place il y a une quinzaine d’années par le premier ministre libéral (centre droit) de l’époque, John Howard. The Atlantic

D’après les services d’immigration australiens, près de 1 200 personnes se trouveraient actuellement dans les « centres de traitement régionaux » de Manus et de Nauru ; des structures dont les organisations de défense des droits de l’homme réclament régulièrement la fermeture, arguant des conditions de vie déplorables qui y règnent.

Certains habitants de ces camps – où la période de rétention moyenne est de quatre centre cinquante-quatre jours – affirment être « traités comme des prisonniers » et craindre pour leur sécurité, alors qu’ils n’aspirent qu’à une vie meilleure.

Peter Dutton, le ministre de l’immigration australien, a affirmé que le choix de Port Moresby n’entraînerait aucun changement au niveau de la politique migratoire très restrictive de son pays. « Ceux qui tenteront de rallier l’Australie illégalement par voie maritime ne seront pas autorisés à s’installer [sur le territoire] », a-t-il rappelé.

Dans ces conditions, que vont devenir les demandeurs d’asile de Manus ? En attendant qu’une solution de remplacement soit trouvée ; ce qui va nécessiter des pourparlers intergouvernementaux, leur sort est en suspens. BBC

Pour le chroniqueur Michael Gordon, il est temps que le premier ministre (libéral), Malcolm Turnbull, prenne toute la mesure du problème. Et, surtout, qu’il adopte une « nouvelle feuille de route » fondée sur une politique résolument « plus humaine ». Un espoir sans lendemain ? The Sydney Morning Herald.