Insolite : cinquante lettres en basque datant de 1757 découvertes à Londres

Sud-Ouest 28/04/2016
Ces courriers destinées aux Basques de Louisbourg, au Canada, étaient convoyés par un bateau parti de Bayonne saisi par l’armée anglaise

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Une cinquantaine de lettres en basque ont été découvertes à bord du « Dauphin ». Celle-ci commence ainsi « Mon cher époux… » © Reproduction Px. D.
Jamais autant de courriers en langue basque datant de cette époque n’avaient été retrouvés jusque-là. Cinquante lettres en euskara, écrites en 1757, sommeillaient dans les archives de l’amirauté britannique.
Un trésor linguistique mis au jour voilà une dizaine d’années, mais dont on apprend tout juste l’existence.

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Xarles Videgain, Manuel Padilla et Xabier Lamikiz sont à l’origine de cette découverte épatante© Photo Px. D.
Cette épatante découverte, c’est une équipe de chercheurs et linguistes du Pays basque – en l’occurrence Xabier Lamikiz, Xarles Videgain et Manuel Padilla – qui en sont à l’origine.
Documents mis sous scellés
Ces missives se trouvaient sur un bateau, « Le Dauphin », parti du port de Bayonne le 4 avril 1757 pour rejoindre Louisbourg au Canada. De nombreux pêcheurs basques vivaient alors sur cette île. Le navire faisait office de facteur et recelait dans ses cales plus d’une centaine de lettres, dont cinquante étaient donc rédigées en labourdin.
Mais ces correspondances ne sont jamais arrivées à destination. « Le Dauphin » fut en effet arraisonné puis saisi, quelques jours après son départ, par trois navires anglais. Tout les documents furent mis sous scellés en vue du procès de l’équipage français.
« Rentre à la maison »
Ces lettres, qui seront publiées dans la revue scientifique « Lapurdum » (bientôt disponible en librairie au Pays basque), sont rédigées dans un euskara finalement assez peu éloigné du parler actuel.
La publication s’intitule « Othoi çato etchera » (« Je t’en prie rentre à la maison »), une phrase qui se répète dans nombre de ces courriers. Même si on y lit aussi la colère et les reproches lorsque les proches établis à Louisbourg ne donnent guère de nouvelles.
« Bicente Lissaratsou »
Cette découverte pourrait faire l’objet d’une véritable enquête généalogique. Car un grand nombre de noms de famille et certains noms de maisons apparaissent bien distinctement dans ces écrits.
Petite anecdote, au sein de l’équipage, figure un certain « Bicente Lissaratsou » de Saint-Jean-de-Luz… L’histoire dira peut-être qu’un des aïeux du footballeur basque était marin…

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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