Les Républicains – Primaire à droite : Sarkozy impose et indispose

La Nouvelle République 07/05/2016

 

Pas encore candidat mais en campagne, Nicolas Sarkozy, mardi. – (IP3 Press/MaxPPP).

Le président du parti Les Républicains a créé la polémique en modifiant le mode de scrutin des Français à l’étranger. Avant de revoir sa copie ?

La décision en a surpris plus d’un, dans les rangs du parti Les Républicains : pour le scrutin de la primaire à droite, les Français de l’étranger ne pourront pas voter sur Internet, mais devront se rendre dans un bureau de vote.

«  Inacceptable  » pour Juppé

Surpris à double titre. D’abord la mesure suppose une infrascruture difficile à mettre en place. Ensuite parce que ce nouveau mode opératoire a été décidé par Nicolas Sarkozy lors du bureau politique du parti, mardi soir, en l’absence de ses principaux adversaires potentiels, l’ex-chef de l’État n’ayant toujours pas officialisé, mais tout comme, sa candidature.

Gilles Boyer, directeur de campagne d’Alain Juppé, a attaqué bille en tête : « C’est incompréhensible et inacceptable. » Frédéric Lefebvre, lui aussi candidat et député des Français d’Amérique du Nord, menace de passer outre et dénonce la volonté « d’interdire de droit de vote de nombreux Français à l’étranger ».

Mais quelle mouche a donc piqué Nicolas Sarkozy ? Au journal L’Opinion, il a argumenté doctement : « Je ne vois pas au nom de quoi un mec de la Somme devrait faire quarante kilomètres pour aller voter alors qu’un golden boy de New York n’aurait qu’à appuyer sur un bouton. » Sauf qu’il n’y a pas que des golden boys à l’étranger et que beaucoup devront faire bien plus que 40 kilomètres.

Alain Juppé et Bruno Le Maire ont dû y voir, comme beaucoup, une manœuvre pour restreindre le nombre de votants et limiter au maximum la participation au cercle des adhérents, favorables à l’ancien Président. Alors que le maire de Bordeaux caracole en tête des sondages dès qu’il s’agit d’électorat élargi à toute la droite et que le député de l’Eure grimpe dans l’opinion.

Les deux principaux candidats ont donc saisi la Haute autorité, laquelle a rappelé que l’option prise par Nicolas Sarkozy n’était pas celle sur laquelle elle avait travaillé et que la mise à disposition de bureaux diplomatiques et consulaires pour organiser le vote apparaissait « pas possible ». Sa présidente, Anne Levade, a donc demandé au bureau politique de réexaminer la question. Un renvoi dans les cordes tout juste voilé pour l’ex-chef de l’État.

Éric Joux