Barack Obama et le spectre d’Hiroshima

Le Monde 12/05/2016
Le président américain, Barack Obama, se rendra le 27 mai à Hiroshima, ville martyre du Japon, qui fut détruite par la bombe atomique, le 6 août 1945. Une visite historique, mais qui fait malgré tout débat.

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Le drapeau japonais en berne avec, en arrière-plan, le Mémorial de la paix d’Hiroshima (ou dôme de Genbaku), le 6 août 1998. REUTERS FILE PHOTO / REUTERS
Au crépuscule de son second mandat, Barack Obama veut, à l’évidence, laisser son empreinte dans l’histoire. La Maison Blanche a ainsi annoncé mardi qu’il se rendrait le 27 mai à Hiroshima, ville martyre de l’ouest du Japon, qui fut détruite par le feu nucléaire, le 6 août 1945. The Japan Times
Ce sera la première fois qu’un président américain en exercice fera le déplacement sur les lieux du bombardement atomique qui tua près de 140 000 personnes et précipita la fin de la seconde guerre mondiale (l’acte de capitulation de l’empire japonais fut signé le 2 septembre 1945, à bord de l’USS Missouri). The New York Times, The Wall Street Journal
Bien que les autorités américaines aient fait savoir que cette visite visait seulement à « prouver l’engagement renouvelé (du président) à promouvoir la paix et la sécurité », tous les observateurs, locaux et internationaux, guetteront d’éventuelles excuses, souligne The Diplomat.
Tant du côté des vétérans américains que de celui de certains Japonais, la démarche de Barack Obama suscite quelques crispations. Les uns la jugent déplacée, tant que Tokyo n’aura pas fait acte de contrition pour la façon dont les prisonniers de guerre ont été maltraités ; les autres – du moins une partie d’entre eux – escomptent une reconnaissance de culpabilité officielle qui ne viendra pas. USA Today
Pourtant, dans les deux pays, de plus en plus de personnes pensent que le bombardement d’Hiroshima, destiné à éviter une invasion terrestre qui aurait vraisemblablement fait un nombre très élevé de victimes parmi les civils, les forces japonaises et les Alliés, était une erreur. The Washington Post
En 1945, d’après un sondage Gallup, 85 % des Américains approuvaient la décision prise par Harry Truman de recourir à l’arme atomique. En 2015, selon le Pew Research Center, ils n’étaient plus que 56 %. « Aujourd’hui, les gens sont beaucoup plus au fait de l’horreur que cela a impliqué », explique un responsable du centre de recherche, cité par The Christian Science Monitor.
Les « hibakusha » (les survivants de la bombe), eux, veulent que Barack Obama ressente, ne serait-ce qu’un peu, leur douleur. Telle Keiko Ogura, 79 ans, qui n’attend qu’une chose : « voir le président se tenir sur la même terre, au même niveau qu’elle, et prier pour les morts ». Voice of America
C’est aussi le vœu que forme dans un éditorial le grand quotidien japonais The Asahi Shimbun, tout en espérant que les peuples de toutes les nations comprendront l’intérêt de préserver le monde de l’usage des armes nucléaires.

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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