Cet été, pour vos grillades de poisson, oubliez la sardine de Méditerranée…

Le Canard Enchaîné – 11/05/2016 – Conflit de Canard –
… vous n’en trouverez guère sur les étals. Les bateaux ne sortent plus pour en pêcher : elles sont trop petites, trop maigres. Les plus âgées ont disparu, les plus jeunes grandissent moins vite. Du coup, il a fallu se rabattre sur la sardine marocaine prélevée dans l’Atlantique. Nos pêcheurs ont tout de suite montré du doigt le thon rouge de Méditerranée, qu’ils n’ont plus le droit de pêcher. Ce prédateur est en effet connu pour raffoler des sardines. Mais il avale à tout casser 2 % de la population…

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Banc de sardines
L’amaigrissement des sardines est désormais une affaire d’État : Ségolène Royal s’en est émue récemment et a enjoint l’Institut français pour l’exploitation de la mer de s’amarrer dare-dare au problème. Les scientifiques ont commencé par faire des autopsies, à la recherche de virus, bactéries et autres parasites. En vain. C’est en se penchant sur le contenu de la gamelle des sardines qu’est apparu un début d’explication. Ils ont découvert que les copépodes, le plancton dont elles raffolent, est lui aussi devenu rachitique. Sa nourriture étant moins énergétique, Sardina pilchardus est dénutrie. Et, comme à partir de 2 ans, elle dépense beaucoup d’énergie à se reproduire, elle meurt lessivée prématurément.
Reste à comprendre pourquoi les copépodes battent de l’aile. « L’évolution des courants marins, liée aux changements climatiques, peut perturber le plancton, tout comme la pollution chimique« , explique Jean-Marc Fromentin, l’un des chercheurs de l’Ifremer qui planche sur le sujet.
Pollution chimique ? Tous les regards se tournent vers le Rhône, important fleuve à se jeter dans la Méditerranée, fleuve qui accueille sur ses berges au sud de Lyon le fameux « couloir de la chimie », 15 km jalonné de dix sites classés Seveso. La pêche à pied y est interdite parce que les poissons y sont farcis de PCB et autres perturbateurs endocriniens. Dans le glofe du Lion, où se déverse le Rhône, les pêcheurs, qui, à la fin des années 90, ramenaient dans leurs cales jusqu’à 20 000 tonnes de sardines par an, se contentent désormais de dix fois moins. L’Ifremer a lancé une étude sur trois ans afin de vérifier que c’est bien le plancton le grand responsable. Mais pour l’étape suivante – identifier les produits chimiques qui pourraient nuire aux copépodes – il n’y a pour le moment pas assez d’argent dans les caisses. Dire qu’on ne pourra jamais plus croire qu’une sardine a bouché le port de Marseille !  nathan_2014_1

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