La droite au pouvoir depuis les régionales repart en chasse contre les associations de protection de la nature

Charlie Hebdo – 11/05/2016 – Fabrice Nicolino –

Faut pas les pousser les petits gars de Sarkozy. De la somme à l’Isère en passant par l’Auvergne, les nouveaux élus de droite sont en train d’étriper, avec leurs copains chasseurs, les vieilles associations de protection de la nature. Feu à volonté !

D’abord les chasseurs. Tous les partis de droite, jusqu’au Front, les partis de gauche, jusqu’au PCF, leur font une lèche de tous les instants. Surtout au moment des régionales. Or le merveilleux mouvement Chasse, pêche, nature et traditions (CNPT) a connu plusieurs saisons de gloire : 32 élus dans 17 régions françaises en 1998, près de 7 % aux européennes de de 1999, 4,23 % Pour l’inoubliable Saint-Josse à la présidentielle de 2002.

A l’automne passé, on se bat au couteau pour obtenir de ralliements de chasseurs, au moment de la constitution des listes pour les régionales. Le PS n’a jamais réussi le grand écart entre le besoin de voix vertes et le soutien aux flingots, malgré l’existence – par exemple – d’un ci-devant « monsieur Chasse » socialo, François Patriat, l’actuel lobbyiste pro-chasse de l’Assemblée – il ne fait pas le poids que c’en est affreux. Mais Rousset le rusé président PS d’Aquitaine-Poitou, a tout de même réussi à attirer à lui la plupart des grands fédérations de chasse de son coin.

C’est du lourd

La droite, de son côté, fait carton plein depuis près de dix ans grâce aux ossements de CNPT, devenu riquiqui. Elle est ainsi parvenue à placer l’immense Frédéric Nihous, président en titre de CNPT, sur la liste de Xavier Bertrand dans le Nord. Quant au FN, il a réussi un beau coup lui aussi en récupérant sur ses listes l’ancien président de la fédération de chasse de l’Aisne, Paul-Henry Hanse Catta. L’excellent homme jouait naguère les écologistes, essayant même d’entrer – il était alors rédacteur en chef du Saint-Hubert, revue créée pour « protéger » la chasse – l’association journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie (JNE).

Passons aux provisoires conséquences de ce charmant tableau. Les régionales sont passées, et la droite se sent pousser des ailes. La haine éclatante d’une partie des chasseurs – ceux qui gueulent, ceux qui passent à la télé, ceux qui engluent les branches pour capturer des piafs – envers les associations de protection de la nature est énorme. C’est du lourd, croyez-moi. 

Premier signal la baie de Somme. Depuis 1986, Picardie Nature (picardie-nature.org) surveille et protège les phoques veaux marins, initiant des milliers de touristes à leur observation sur les bancs de sable. Mais la baie est en Somme, et le département est devenu sarkozyste en 2015. Il versait jusque là 60 000 euros de subvention à Picardie Nature, mais n’en donnera que 16 000 cette année, et zéro en 2017. Le conseil régional gagné par Xavier Bertrand, pourrait suivre le mouvement Déclaration d’un Guy Harlé d’Ophove, nouveau président de la commission Environnement à la Région : « Pour sauver un phoque, cela coûte 10 000 euros [le chiffre est totalement bidon, ndlr]. Ne croyez-vous pas qu’il faudrait laisser faire la nature ? Quand l’homme se mêle de protéger une espèce en particulier, il la dérègle. »

Deuxième avertissement en Isère, passée à droite aprsè les élections départementales d’avril 2015. La Maison de la nature et de l’environnement de l’Isère (MNEI) – elle héberge à Grenoble une trentaine d’associations, fait vivre une médiathèque et anime quantité d’activités – est dans le viseur. Elle recevait en 2015 120 000 euros de subvention et n’en aura plus cette année que 18 000. Va-t-elle crever comme tant de renards au coin du bois ?

Enfin, le splendide Écopôle du Forez est menacé par le fringuant Laurent Wauquiez, nouveau président de droite de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Le site Écopôle du Forez est au départ une ancienne gravière, que Raymond Faure et l’association Frapna ont étendue sur plus de 500 hectares le long de la Loire. Wauquiez vient de décider une énorme diminution des subventions accordées aux huit Frapna départementales de la Région. Certains parlent de moins 50 % !

Attention, ceci n’est pas de ma part un soutien – plutôt crever – aux socialos. Mais on a le droit de réfléchir une seconde au retour de la droite au pouvoir après 2017. On va prendre cher.

La FRAPNA déploie chaque jour son énergie à sensibiliser sans relâche les jeunes et moins jeunes à la protection de la nature et de l’environnement pour éveiller les consciences à ces sujets. Depuis 20 ans, nous créons des campagnes pédagogiques autour des thématiques liées à la biodiversité, les déclinons, les adaptons, etc.