Blocage : « ne pas parler la langue de l’ennemi »

logoFakir / Presse alternative –  mai 2016 – Gérard Mordillat –
« Blocage », « minorité », « démocratie » : la novlangue socialiste tourne à plein. L’écrivain Gérard Mordillat nous propose un décryptage :
Les communicants qui ont vendu sans relâche aux médias « le coût du travail » à la place du « salaire », le « plan de sauvetage de l’emploi » pour « plan de licenciement », « charges sociales » pour « cotisations », « partenaires sociaux » pour « responsables syndicaux » et tant d’autres leurres qui circulent désormais comme des vérités révélées, viennent de sortir leurs nouveaux produits.
La grève, c’est désormais « le blocage », elle est le fait non pas de salariés en lutte mais d’une « minorité » et cette minorité est « radicalisée ». La manœuvre est grossière – et sans doute efficace à cause de sa grossièreté même – car elle induit l’équation que tous les médias s’empressent de démontrer : gréviste = terroriste (un mélange d’anarchiste au drapeau noir, de rouge un couteau entre les dents, de djihadiste du conflit social).
Il n’est pas nécessaire d’avoir lu De la guerre de Clausewitz pour savoir qu’il ne faut pas parler la langue de l’ennemi. Jamais. Dans la bouche des représentants du gouvernement actuel, de ses porte-parole dans les médias, des organisations patronales, ce langage est une arme de guerre qui appelle une riposte sur le même terrain.
Désormais, chacun doit s’appliquer à désigner les représentants des organismes patronaux comme « les ennemis sociaux », les socialistes comme « le parti du pire », le gouvernement comme « la droite médefiste » et surtout rappeler encore et toujours « le coût du capital ». C’est-à-dire que nous devons refuser d’utiliser ce qu’Olivier Besancenot appelle « la fausse monnaie politique ».
Inventer la langue de la révolte est un acte révolutionnaire.

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A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
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