Licenciement haut débit chez Free

Le Canard Enchaîné – 01/06/2016 – Odile Benyahia-Kouider –
xavier-niel-free_largeXavier Niel, fondateur de Free
C’est une véritable machine à broyer les salariés. Dans un article de sept pages, fort documenté, l’hebdomadaire « Politis » (19/5) raconte comment Free, après le rachat de la société Alice, en août 2008, a mis au point un système de harcèlement très sophistiqué, dans son centre d’appel de Marseille, pour pousser les salariés indésirables vers la sortie (Enquête sur le système Free par Erwan Manac’h et Sweeny Nadia). Dans un programme baptisé « Marco Polo », l’opérateur téléphonique aurait ainsi fiché 45 salariés en les classant par catégories : « dossier à construire pour faute« , « clause mobilité » ou encore « à négocier départ« , etc.
Patrick, l’un des ex-cadres de Free, évoque la « stratégie du bruissement qui consiste à mettre la pression et à attendre que les gens baissent les bras« . Déplacements inutiles, instructions contradictoires, badge d’accès désactivé… Outre des témoignages inédits, « Politis » publie des échanges de courriel de la direction des ressources humaines de Free, et son kit du parfait « licencieur ».
Cette enquête écorne sérieusement l’image de Xavier Niel, longtemps dépeint comme le Robin des bois des télécoms. D’un côté, le généreux donateur de l’école 42 (formation gratuite pour les jeunes, diplômés ou non) et sa nouvelle succursale dans la Silicon Valley. De l’autre, le patron de combat rebuté par toute forme de dialogue social.
Niel nie
deligne-52-03« Je ne suis que directeur de la stratégie de Freee » et pas « chairman« , déclare le fondateur de Free dans le mensuel « Society » de juin. »Il s’agit pour moi de faire ce qui me plaît. Et, les centres d’appels, cela ne me plaît pas. Les ouvriers dans ces centres d’appels, ce sont les ouvriers du XXIème siècle. C’est un métier horrible. Le job qu’ils font, c’est le pire des jobs« . Et, si les nouveaux ouvriers, tout droit sortis de « Germinal » ne sont pas contents, « Citizen Free » fermera le centre de Marseille. Au diable les empêcheurs de tourner en rond.
Niel c’est aussi ce grand ami de la presse, capable de s’écrier : « Quand les journalistes m’emmerdent, je prends une participation dans leur canard, et ensuite ils me foutent la paix ! » Au sein de la nébuleuse « Le Monde-Nouvel Observateur » dont il est actionnaire, seul Rue89 a osé rendre compte de ce harcèlement. Le quotidien « Le Monde » n’a pas écrit une ligne sur le sujet. Ni dans son édition papier ni sur son site Internet.
Vive la liberté d’expression !

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
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