Climat : ça chauffe grave de Londres à Washington

Charlie Hebdo – 08/06/2016+ – Fabrice Nicolino –
On a encore rien vu . Si l’Angleterre sort de l’Union européenne, elle pourrait bien tomber dans les mains d’un trio d’enfer, qui nie la réalité du dérèglement climatique. Et chez les américains, Donald Trump vient d’embaucher comme conseiller un bœuf et beauf républicain, lui aussi climatosceptique. 
Tu te fiches totalement du « Brexit », et comment te donner tort ? Mais surtout, comment te donner raison ? Ce qui se passe à Londres peut avoir des conséquences en chaîne, bien plus visibles encore que le fameux effet papillon, entraînant à chaque étape une merdouille de plus en plus colossale. Explications en détail. L’Angleterre vote pour ou contre la sortie de l’Union européenne le 23 juin prochain. C’est un affreux pastis car on trouve dans les partisans du maintien des gens comme le travailliste Jeremy Corbyn, tendance Ken Loach, et des bouses odorantes comme le Premier ministre en titre David Cameron.
Il y a peut-être pire que ce dernier. En effet, si le « Brexit » est voté, Cameron part aussitôt aux oubliettes. Mais qui est en mesure de le remplacer cher les tories ? Il y a pour le moment deux possibilités : Michael Gove et Boris Johnson. Gove a une gueule terrible – moitié comique, moitié neuneu – et il est depuis 2015 ministre de la Justice. Boris Johnson a quitté la mairie de Londres au début de 2016 pour la raison simple qu’il veut piquer la place de Cameron. Il imite, assez mal, la noble stature de Donald Trump, chevelure incluse.

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Ces deux bons camarades incarnent la campagne en faveur du « Brexit », épaulés par un troisième larron, Nigel Lawson, baron Lawson de Blaby. C’est un vieux barbon de 84 an, qui a été ministre de l’énergie de la mère Thatcher. Il a beau commencer à sucrer les fraises, il gueule sans jamais s’arrêter contre l’Europe et l’euro. Voilà le trio de tête. 
ob_05713d_dessin-philippe-tastet-jpgOr ces trois là ont de lourdes valises au train en matière climatique. Ils sont en effet des climatosceptiques, de bons imbéciles, qui refusent de considérer l’amas croissant de preuves scientifiques du dérèglement en cours. La seule chose qui compte à leurs tristes yeux, c’est l’économie. Commençons par ce balourd de Johnson. Dans sa chronique du Telegraph de 20 janvier 2013, il se demande si l’hiver très froid de cette année là  n’annonce pas un petit âge glaciaire. Il faut d’autant moins agir que tout est dans les mains du cosmos. Presque trois ans plus tard, en décembre 2015, il ricane au même endroit sur la chaleur étonnante qui règne à Londres, s’empressant de saluer le « grand physicien et météorologue » Piers Corbyn. Ce dernier est une sorte de Claude Allègre local.
Michael Gove ? Ministre de l’Éducation, avant de s’occuper des prisons, il a provoqué une énorme réaction en 2013, car il voulait sortir des programmes officiels l’étude du changement climatique. Mais le plus beau des trois reste le baron – pas qu’un peu perché – Lawson. Militant climatosceptique dans l’âme depuis près de quinze ans, il publie en 2008 un livre nigaudon, A Coll Look at Global Warming. Pour lui, il ne faut surtout pas suivre les recommandations du Giec (Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Le plus urgent est de ne rien faire du tout, car qui sait si un éventuel changement climatique ne serait pas, finalement un bienfait de plus, hein ? En 2009, il crée et préside un think tank appelé Global Warming Policy Foundation (thegwpf.org), qui cogne à bras raccourcis sur le protocole de Kyoto, le Giec, les accords de Paris sur le climat, tout en vantant les bénéfices ignorés du gaz carbonique.
Dans le même temps, ce bon Donald Trump avance et menace désormais de briguer la présidence américaine. Il vient de choisir comme conseiller « énergie » un certain Kevin Cramer. En pus d’être une sérieuse canaille républicaine – il est représentant du Dakota du Nord et ferraille pour supprimer les aides aux plus pauvres -, il est lui aussi un climatosceptique de premier plan. Sans reprendre le mot de Trump – « climate change is a hoax » – « le changement climatique est un canular » -, il soutient de toutes ses forces lobbyistes l’industrie du pétrole et des gaz de schiste.
Bref, si Johnson  réussit à s’imposer à Londres et Trump à Washington, il va falloir faire face à une coalition encore jamais vue. Celle du doigt d’honneur à l’avenir du monde. On va donc prier le petit Jésus.

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