LE PLUS. Pour ne pas donner la victoire à Daech, et malgré l’épouvantable carnage de Nice, il ne faut pas céder à la tentation de se déchirer dans des polémiques inutiles, estime notre contributeur Thierry de Cabarrus. Selon lui, il convient de retrouver au plus vite l’esprit du 11 janvier et l’unité nationale. Explications.

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Une rose en hommage aux victimes de l’attentat de Nice survenu le 14 juillet 2016. Image d’illustration. (F. MORI/SIPA).
La surenchère des candidats à la primaire
Les Français seraient-ils incapables de se ressaisir, de se rassembler, au lieu de céder à la colère et à la peur après la monstrueuse tragédie de Nice ? Pourquoi faut-il aller désigner des coupables bien commodes en montrant du doigt le ministre de l’Intérieur, le Premier ministre ou le président de la République, quand le vrai coupable ne se cache pas, à savoir les terroristes du djihadisme islamique ?
Qu’on n’aille pas nous dire qu’en la circonstance, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon, Henri Guaino et tous les candidats à la primaire de la droite et du centre, tous donneurs de leçons sur le dos des victimes, auraient été capables d’empêcher cette tragédie, eux qui aujourd’hui demandent des comptes et désignent des responsables un peu facile. Exploitant jusqu’à la corde et avec un cynisme indécent l’accusation de laxisme.
Un opportunisme qu’il faut dénoncer
Tous ces personnages qui sont censés représenter le peuple dans toutes ses composantes, font preuve d’un opportunisme qu’il faut dénoncer sans faiblir. Les mêmes qui, à la faveur de la difficile adoption de la Loi El Komri, se sont engagés voici quelques semaines dans une surenchère libérale outrancière, basculent désormais dans une surenchère, sécuritaire cette fois, encore plus irresponsable et particulièrement cynique.
On n’insistera pas ici sur les menaces de Nicolas Sarkozy, ni même sur le procès en laxisme instruit par Alain Juppé (qui ne nous avait pas habitués à de telles outrances verbales), ni non plus sur la proposition ridicule d’Henri Guaino d’équiper nos policiers de lance-roquettes
Le choix de la dignité et de la maîtrise de soi
On constatera alors que François Hollande, lui, a fait le bon choix, celui de la dignité et de la maîtrise de soi en refusant d’ajouter de la terreur à la terreur, même s’il reconnaît qu’il faut s’attendre à un « combat long et difficile » contre le terrorisme.
Et de recommander, une fois de plus, que le pays se rassemble et retrouve ce fameux esprit du 11 janvier qui, à chaque attaque terroriste, disparaît peu à peu dans la nation française.
Pourtant, au delà des nécessaires ajustements que doivent mettre en place tous les services de sécurité (policiers, militaires, renseignements), au delà de l’évidente reconduction de l’état d’urgence pour trois mois, il va bien falloir que le pays dans son entier, et les 66 millions d’habitants qui le composent, quelles que soient leurs origines, leur religion, leurs convictions politiques, se rassemblent au plus vite.
Un risque de dislocation du pays
Car si ce n’était pas le cas, si cette « dislocation » du pays tant redoutée par les spécialistes du terrorisme remplacerait cette cohésion absolument indispensable, si l’ultradroite et la droite extrême parvenaient, avec leurs outrances et leurs appels à la division, à balayer ce qu’il reste encore de l’unité nationale, ce serait à coup sûr accorder la victoire à Daech et à tous les terroristes qui, depuis 2011, frappent sur le sol français.
Il faut réécouter Manuel Valls qui, au lendemain de l’attaque de Nice, a appelé à un sursaut national face à la tentation de se déchirer dans des polémiques stériles : « On a voulu atteindre l’unité de la nation française. Alors la seule réponse digne, responsable de la France, sera celle qui restera fidèle à l’esprit du 14-Juillet, c’est-à-dire celui d’une France unie et rassemblée autour de ses valeurs. Et nous ferons bloc, c’est la seule exigence qui vaille aujourd’hui. »
Manuel Valls a précisé sa pensée, au JT de France 2, regrettant que les polémiques prennent le pas sur le recueillement et le rassemblement, pointant d’abord cette surenchère insupportable de la droite avant de conclure : « Une campagne présidentielle ne mérite pas qu’on divise le pays. »
. Pas de capitulation morale
Esprit du 14 ,juillet, esprit du 11 janvier. Dans les deux cas, il s’agit de respecter la démocratie qui veut que l’élection présidentielle n’ait lieu que dans neuf mois, n’en déplaise à tous ceux qui, à droite ou à gauche, veulent exploiter les événements pour pousser François Hollande à la démission, autrement dit à des fins purement politiciennes. Il s’agit de respecter aussi la république qui se trouve aujourd’hui attaquée.
Se rassembler, s’efforcer de retrouver cette union nationale qui vacille sous les coups de boutoirs complices des terroristes et des politiciens impatients d’en découdre, c’est respecter les trois jours de deuil décrétés par le président de la république.
C’est en cette occasion, rendre hommage non seulement aux victimes de Nice, mais aussi à celles de Toulouse et de Montauban, du Bataclan, de « Charlie Hebdo », de l’Hyper cacher, sans oublier le couple de policiers tués dans les Yvelines.
N’ajoutons pas à ce concert de cris et de larmes qui accompagne à juste titre cette tragédie de la Promenade des Anglais, les couacs d’une guéguerre bassement électoraliste. Car il faut le dire encore une fois : cela ne ferait qu’accorder à Daech et consorts une victoire totale, et ajouter à la mort de centaines de victimes ces derniers mois, une capitulation morale.
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