La Turquie sous tension après le putsch avorté

Le 18/07/2016
L’heure des règlements de comptes a sonné sur les rives du Bosphore. Après le coup d’Etat manqué, perpétré par une fraction minoritaire de l’armée turque dans la nuit de vendredi à samedi (plus de 290 morts et 1 400 blessés), le régime a repris la main, avec une fermeté implacable.

319424_3_c579_des-manifestants-agitent-des-drapeaux-turcs-sur_ae32631bc30c2c40c69b86f87ec65d1b

Dès le lendemain de ce pronunciamiento avorté, qui pendant plusieurs heures a semé la confusion à Ankara et Istanbul, le président, Recep Tayyip Erdogan – aussi adulé que haï –, a lancé une vaste opération de « purge », non seulement au sein des cercles militaires, mais aussi dans l’ensemble de l’appareil judiciaire. Au total, près de 6 000 personnes ont été placées en garde à vue. BBC
Une contre-offensive destinée à réaffirmer son autorité à la face de ses opposants. Convaincu que le putsch émane du prédicateur Fethullah Gülen – l’ami intime devenu ennemi juré en 2013 lors de révélations de corruption au plus haut sommet du pouvoir –, le chef de l’Etat est résolu à le réduire à quia.
Il a d’ailleurs enjoint au gouvernement américain de l’extrader. En pure perte. De son côté, l’imam, exilé en Pennsylvanie (nord-est des Etats-Unis), a récusé toute implication, à quelque niveau que ce soit, arguant que, « depuis seize ans, [il vivait] loin de la Turquie ». CNN
Face aux « insinuations publiques » selon lesquelles Washington pourrait être derrière la tentative de renversement de M. Erdogan, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a haussé le ton et dénoncé des « allégations totalement fausses » susceptibles d’écorner la relation bilatérale (les deux pays sont alliés au sein de l’OTAN, à laquelle la Turquie appartient depuis 1952). The Wall Street Journal
Cet échange de philippiques survient alors qu’Ankara a fermé son espace aérien, empêchant les chasseurs américains de décoller de la base d’Incirlik pour aller bombarder les positions de l’organisation djihadiste Etat islamique en Syrie et en Irak. Al-Jazira
The New York Times préfère s’intéresser aux zones d’ombre du coup d’Etat, dont il s’étonne qu’il ait été mené sans le soutien préalable de la société civile et de l’opposition parlementaire, comme en 1997. Manque de planification ? Incompétence ? Peut-être un peu des deux, suggère le quotidien américain.
Murat Yetkin, chroniqueur pour Hürriyet, déplore, lui, ce « déjà-vu cauchemardesque » pour le peuple turc, qui « pensait en avoir fini avec l’ère des coups d’Etat [comme en 1960, 1971 et 1980] ». Et préfère oublier cette « nuit de honte pour la Turquie ».

 

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
Cet article, publié dans Débats Idées Points de vue, Europe, Police, Politique, est tagué . Ajoutez ce permalien à vos favoris.