Afrique – Nairobi : La sombre réputation des forces de sécurité kényanes

 Le Monde 22/07/2016
 Que faire lorsque la police faillit à sa mission première, s’en prenant à ceux-là mêmes qu’elle est censée protéger ? La question se pose avec acuité au Kenya, depuis les sombres révélations distillées par l’organisation non gouvernementale Human Rights Watch (HRW).

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Des Kényans, dont des avocats et des membres de la société civile, manifestent à Nairobi en réponse aux allégations de torture et d’exécution extrajudiciaires de trois civils perpétrées par la police. TONY KARUMBA / AFP
aapoliciers keniansDans un rapport de 87 pages rendu public mercredi et intitulé « Deaths and Disappearances » (« Morts et disparitions »), l’ONG de défense des droits de l’homme accuse en effet les forces de sécurité de se livrer à des enlèvements et à des exécutions extrajudiciaires – principalement à Nairobi, la capitale, et dans le nord-est du pays frontalier de la Somalie – sur certains citoyens seulement soupçonnés de lien avec le terrorisme.
Les chiffres délivrés par HRW sont éloquents. De fait, en deux ans, pas moins de 34 « disparitions forcées » auraient été recensées lors d’opérations supposées débusquer et éliminer les partisans des Chabab, ces djihadistes qui, depuis 2006, sèment la mort dans la Corne de l’Afrique. Voice of America
Plusieurs corps de sécurité sont incriminés : la police, l’armée, les agences de renseignement et même le Service de protection de la faune (KWS). Selon l’auteur du rapport, cité par CNN, tout cela « n’est qu’une petite partie de ce qui se passe ». Celui-ci évoque une tendance de fond qui a commencé avant l’attaque de l’université de Garissa par les Chabab, en avril 2015 (147 morts).
Face à cette impunité, HRW exhorte le gouvernement à réagir, en faisant toute la lumière sur ces actes de brutalité. Au-delà des nécessaires enquêtes à mener, l’ONG appelle aussi à ce que justice soit rendue pour les victimes. Africanews
Lasse de subir ces avanies récurrentes, la population tend à se rebiffer (avec prudence), en manifestant devant certains commissariats, comme le rapportait Quartz au début du mois de juillet. Objectif : mettre la pression sur les autorités pour que les responsables de ces violences, rarement poursuivis, aient à répondre de leurs actes.

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Les analystes et les responsables de l’opposition, eux, s’inquiètent du fait que la police puisse être instrumentalisée à des fins politiques – avec les éventuelles conséquences néfastes que cela pourrait impliquer – en vue de l’élection présidentielle d’août 2017 ; scrutin à la faveur duquel Uhuru Kenyatta devrait briguer un second mandat. The Financial Times.

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A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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