Attentat de Nice : « Il faut que la réflexion s’oriente vers autre chose que la pure sécurité » (Michel Wieviorka, sociologue)

France Info – 17/07/2016 –

Trois jours après l’attentat de Nice que Daech a revendiqué, deux jours après que le président de la République a prolongé l’état d’urgence, Michel Wieviorka, sociologue et président de la Fondation Maison des Sciences de l’homme explique qu' »on est dans le prolongement d’un phénomène qui a été inauguré dans les années 90 et qui avait déjà atteint un sommet aux Etats-Unis avec les attentats du 11 septembre. Les ressources que peuvent mobiliser ceux qui veulent donner la mort sont très variées. Dans l’état actuel des connaissances, le tueur est quelqu’un qui était déséquilibré, violent, et qui, dans les dernières semaines, a donné un sens à ses difficultés personnelles et est passé à l’acte. »

Enfin, concernant la réflexion pour lutter contre la peur provoquée par les attentats, le sociologue ajoute qu' »il faut que la réflexion s’oriente vers autre chose que la pure sécurité, qui est indispensable, mais qui ne suffit pas. On est une société qui vit dans le « présentisme », dans l’instant présent. On reçoit ces attentats comme ça, ça nous tombe dessus. On réagit en se disant qu’il faut absolument s’en protéger. Les sources sont en partie extérieures, Daech, mais aussi dans notre société. Il faut une réflexion sur le travail social, sur les associations, dans les quartiers populaires, sur les questions économiques et sociales. Ce sont des enjeux gigantesques. Je suis stupéfait de voir qu’on enferme la réflexion dans le seul domaine de l’immédiat et de la sécurité. Ce sont des problèmes à long terme. »