10 % de touristes en moins cet été…. la faute à qui ?

Charlie Hebdo – 24/08/2016 – Guillaume Erner –

Il paraît que la France a accueilli cet été 10 % de touristes en moins. Vous vous rendez compte, 10 % seulement. Pourtant, le gouvernement a fait tout son possible pour que le pays se vide grâce à sa stratégie : « France, aimez-la, n’y allez pas ! »

Il est vrai que tout être humain normalement constitué déteste les touristes. Le touriste n’a qu’un but : nuire au pays hôte, transformer les logements des honnêtes gens en Airnb hors de prix. D’où la campagne imaginée par le gouvernement pour dissuader les étrangers de venir, une campagne qui donné cette année des résultats encourageants. Il faut dire que l’on n’a pas lésiné sur les moyens – les attentats, la Loi travail, la guerre civile… aucun procédé n’a été écarté à priori. Mais employés isolément, ils ne suffisent pas.

Bien sûr, les attentats constituent un moyen idéal de faire fuir les touristes. Qui aurait envie de planter son parasol à Mossoul ? Hélas ! le terrorisme ne gagne pas à tous les coups. De terribles précédents existent : malgré des bombes à Bali ou en Thaïlande, les touristes s’obstinent à y aller. Tout cela provient d’erreurs de communication grossières, comme celles commises encore récemment par le gouvernement thaïlandais. Il y a quelques jours, donc en plein mois d’août, pas moins de onze bombez ont explosé en Thaïlande, une véritable aubaine en pleine saison touristique, de quoi vider le pays d’un coup. Mais la junte au pouvoir n’a pas su trouver les mots. « Il n’y a pas de terrorisme en Thaïlande » ont-ils dit bêtement. Pire encore, ils ont préféré perler de « sabotage local » alors même qu’il auraient pu en profiter pour dire « nous sommes en guerre ! »

Pas de ça en France ! Le gouvernement français a su profiter de nos attentats pour donner à chaque épisode de terrorisme l’ampleur qu’il méritait. Déclarations martiales, accueil de chefs d’État étrangers, spectacles son et lumière suivis de minutes de silence, personne ne doit ignorer la transformation récente, mais convaincante, de la France en zone de guerre. On se souvient du principe du « cygne noir » du statisticien NassimTaleb, popularisé après le 11 septembre 2001 : expliquer qu’un attentat est un évènement doté de probabilités faibles et de conséquences intenses.

L’ingénieuse idée du burkini

Mais nous, on a mieux que ce fichu cygne, on a le « coq gaulois », qui transforme l’attentat en évènement très probables aux conséquences absolument catastrophiques. D’où de nombreux efforts pour expliquer combien d’explosions on déjoue par jour, combien de milliers d’adolescents appellent au djihad sur Facebook, combien le pire est pour demain, ou encore annuler les évènements les plus médiatiques – la braderie de Lille ne serait que le premier – pour bien montrer que la sécurité des personnes n’est plus assurée en France. Chaque touriste a le droit d’avoir peur.      

Mais toute cette stratégie de communication autour le marque France pourrait ne pas suffire. Il faut donc persévérer, en multipliant les menaces. Le burkini est à cet égard une idée assez astucieuse. Souvenez-vous de la catastrophe du monokini sur les plages de Saint-Tropez, il y a cinquante ans, avec comme résultat, un afflux de touristes sans précédent. Impossible de réitérer une telle erreur : d’où l’obligation de montrer que la charia règne sur toutes nos plages, obligeant les mairies à légiférer et, pourquoi pas, l’armée à réagir pour découvrir les corps pas assez dénudés. Certes, ici encore, on aurait pu raison garder… D’où l’obligation de montrer que nous sommes au bord de la guerre civile, chose rendue possible par la bataille de Cisco en Corse, laquelle a permis à chaque être humain de s’apercevoir que la situation en France était quasi insurrectionnelle. Même le calife Badhdadi n’aura aucune envie de passer ses vacances sur une plage salafiste…

Toutes ces entreprises réclament des efforts continus. Imaginez si les touristes avaient une envie subite de revenir en France à la Toussaint ou à Noël ! Voilà pourquoi il va falloir renforcer encore les aspects répulsifs de notre territoire. La campagne présidentielle devrait pouvoir y contribuer, avec, on l’espère, des mesures convaincantes pour accroître  encore la panique. et peut-être bientôt un slogan à destination des touristes : « La France: quel meilleur endroit pour se reposer pour toujours ? »