Un petit bain d’algues vertes ?

Le Canard Enchaîné – 24/08/2016 – Conflit de Canard –
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Chaque été, c’est le même spectacle sur les plages bretonnes : un ballet de pelleteuses débarrasse des tonnes d’algues vertes. Cette année, ce sont 147 lieux de baignade qui ont été recouverts par les « salades de mer ». Une marée verte qui s’étend désormais en Normandie et en Poitou-Charentes, avec un effet yo-yo selon la météo. Les raisons de cette malédiction qui dure depuis les années 70 ? Ce sont les déjections de 9 millions de porcs et des 97 millions de poules et poulets que compte la Bretagne. Un torrent de lisier et une montagne de fientes enrichis par les engrais azotés utilisés notamment pour la culture intensive du maïs ! Quand une partie de ce nitrate part à la mer, il engraisse les algues vertes, qui prolifèrent, surtout quand il fait chaud.
pumping_shadoks2Mais, cette fois, promis-juré, on va enfin éradiquer ces satanées ulves. L’État va mettre la main à la poche : 130 millions sur cinq ans, et pas seulement pour se contenter de pelleter les algues échouée. Il s’agit aujourd’hui de réduire les fuites d’azote. Louable ambition, sauf qu’il y a moins de quatre ans, comme « Le Canard » l’avait raconté, les mêmes pouvoirs publics avaient relevé les plafonds d’épandage d’azote et, dans la foulée, assoupli la réglementation des porcheries industrielles afin qu’elles puissent, sans trop de tracasseries administrative monter à 2 000 cochons. Une logique digne des Shadoks ! 
Après une fournée de plans anti-algues vertes, on espère que les 270 millions mis sur la table depuis 2010 serviront au moins à calmer la Commission européenne, qui, par deux fois, a fait condamner la France pour non-respect de la directive sur les nitrates émise il y a pourtant vingt-cinq ans. Ne lui a-t-on pas fait croire que l’on serait enfin dans les clous en 2027 ? Autant dire quand les poules bretonnes auront des dents.

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
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