Philippines – Rodrigo Duterte, fossoyeur des droits ? : le « règne de terreur » selon l’ONG Human Rights Watch

Le Monde 06/09/2016
C’est sans conteste le plus grand défi auquel il est confronté depuis son accession au pouvoir, à la fin du mois de juin. Après l’attentat qui a frappé « sa » ville de Davao, vendredi, faisant 14 morts et plusieurs dizaines de blessés, le président philippin, Rodrigo Duterte, est sous pression. The Wall Street Journal

353432_3_162c_le-pr-sident-des-philippines-rodrigo-duterte-arr_a13ad79ff5d115cf21123d0da4e3b33b

Le président des Philippines, Rodrigo Duterte, arrive à l’aéroport international de Vientiane (Laos), le 5 septembre, pour participer au 28e sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est. NOEL CELIS / AFP
Le locataire du palais de Malacanang, arguant que cette attaque représentait un « acte de terrorisme » – prestement imputé par le secrétaire à la défense aux islamistes du groupe Abou Sayyaf, né en 1991 d’une scission avec le Front moro de libération nationale – a déclaré « l’Etat de non-droit » (un cran en dessous de la loi martiale) dans l’ensemble du pays. CNN
Celui-ci prévoit le renforcement des prérogatives de l’armée, dont la possibilité d’effectuer des patrouilles en zone urbaine, de mener des perquisitions, d’imposer des couvre-feux ou encore d’établir des points de contrôle. Un scénario qui fait craindre un rétrécissement des libertés fondamentales. The New York Times
Les analystes estiment que la manœuvre de Duterte pourrait, de fait, lui offrir toute latitude pour poursuivre, voire intensifier, la guerre totale qu’il a entrepris de mener aux criminels, et notamment aux narcotrafiquants. The Los Angeles Times
En un peu plus de deux mois, près de 2 000 consommateurs et revendeurs de drogue ont déjà été tués, précise le quotidien américain. Les exécutions extrajudiciaires se multiplient, de même que la répression policière, sans le moindre frein. Rodrigo Duterte lui-même a prévenu « qu’il y [aurait] beaucoup de morts tant que le dernier dealer [ne serait] pas chassé des rues ».
Pour Federico D. Pascual Jr., du Philippine Star, l’attentat de vendredi a changé la donne. A présent, juge-t-il, Barack Obama n’est plus fondé à sermonner son homologue philippin sur la situation des droits de l’homme.
Le président américain n’en aura d’ailleurs pas l’occasion, car l’entretien prévu entre les deux dirigeants à Vientiane (Laos), en marge du sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean), a été annulé, après que l’homme fort de Manille eut insulté lundi le locataire de la Maison Blanche. Un écart qu’il a dit regretter par la suite. The Washington Post, BBC
Cofondateur de l’ONG Human Rights Watch, Aryeh Neier, lui, fustige sans ambages le « règne de terreur » de Duterte. Et dénonce un système qui fait litière des règlements et s’affranchit en toute impunité du processus judiciaire ordinaire…

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
Cet article, publié dans Droit de l'humain, International, Politique, est tagué , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.