Royaume-Uni : Poussée de xénophobie dans l’Angleterre post-Brexit

A quelques jours d’intervalle, deux agressions visant des ressortissants polonais ont eu lieu dans la petite ville d’Harlow, sise à 50 kilomètres au nord de Londres. Dans la nuit du 3 au 4 septembre, deux jeunes hommes d’une trentaine d’années ont été attaqués devant un pub par un groupe de quatre ou cinq personnes. Le premier a été blessé à la tête, l’autre a eu le nez cassé. The Guardian

L’incident est survenu quelques heures seulement après une marche silencieuse organisée en hommage à Arkadiusz Jozwik, un ouvrier polonais de 40 ans, mortellement blessé le 27 août. Dans les deux cas, pour la police britannique, il s’agit d’« actes de haine ». Ailleurs en Angleterre, plusieurs cas d’agressions verbales ont été signalés, avec des messages d’une rare violence, tels que « Sus à la vermine polonaise ».

Le député conservateur d’Harlow, Robert Halfon (à gauche), et l’ambassadeur de Pologne au Royaume-Uni, Arkady Rzegocki (au centre), observent, le 3 septembre, une minute de silence à la mémoire d’Arkadiusz Jozwik, tué une semaine auparavant. JUSTIN TALLIS / AFP

Pourquoi la ville d’Harlow a-t-elle basculé dans la violence ?, s’interroge The Independent. Cette ville nouvelle, « née de l’idéalisme d’après-guerre du gouvernement travailliste », promettait pourtant aux générations à venir un cadre idéal pour « mener une vie heureuse et agréable ».

Les habitants imputent la résurgence de la xénophobie post-Brexit (sortie du Royaume-Uni) à la crise socio-économique profonde qui touche la jeune génération partout dans le pays.

Lundi, Varsovie a envoyé sur place en urgence ses ministre des affaires étrangères et de l’intérieur afin de réclamer au gouvernement britannique une meilleure protection de ses ressortissants, lesquels vivent désormais dans l’angoisse. IB Times, USA Today

« Le problème avec le racisme post-référendum est bien réel », corrobore dans un éditorial le journaliste Jakub Krupa. Autrefois bastion des travaillistes, la ville ouvrière est désormais acquise aux conservateurs. Le 23 juin, 68 % des électeurs se sont prononcés en faveur du Brexit. The Guardian

A ses yeux, la conjonction des crimes xénophobes et des problèmes de longue date – les gangs de jeunes, le désenchantement général et les conséquences néfastes des coupes draconiennes dans les services publics –, peuvent potentiellement constituer un « cocktail explosif ».

Le Monde 07/09/2016