Les Balkany crient famine

Le Canard Enchaîné – 14/09/2016 – Hervé Liffran –

Après leur maison sur l’île antillaise de Saint-Martin, vendue en 2015, voici les Balkany contraints de se séparer de leur sublime propriété de Giverny (Eure), dont ils n’arrivent plus à assurer les frais d’entretien. Une agence du Vésinet vient d’éditer une épaisse brochure vantant le luxe, le calme et la volupté qui règnent au « moulin de Cossy », mis en vente au prix sacrifié de 6 millions d’euros. Les lieux sont déjà connus des lecteurs du « Canard », mais la « note technique » qui accompagne le dossier a de quoi donner le vertige.

La propriété des Thénardiers de Levallois offre pas moins de 980 m2 habitables (sans compter une annexe de 551 m2, à rénover). Le parc qui s’étend sur 5,5 hectares, est agrémenté de 650 m de berges donnant sur la rivière l’Epte. Les nouveaux acquéreurs pourront y profiter d’un court de tennis, d’une piscine chauffée, d’un pool-house*, d’un sauna, d’un hammam, d’un Jacuzzi et d’immenses allées piétonnes éclairées par de petits candélabres et recouvertes de « pavés anciens » du même modèle que ceux utilisés dans les vieilles rues de Levallois…

Le problème pour les Balkany, c’est que leur masure a été saisie par la justice. Prudents, il avaient bien fait, en 1995, une donation de la nue-propriété du domaine à leurs deux enfants, Alexandre et Vanessa, non sans s’en réserver l’usufruit. Mais invoquant « une fraude« , le juge d’instruction Van Ruymbeke avait annulé ce joli cadeau.

Cagnottes exotiques

Pour tenter de sauver une partie de leur grisbi, les parents et les enfants viennent de contester en appel l’ordonnance du magistrat. Il y a urgence : à en croire, les flambeurs Patrick et Isabelle sont désormais aussi raides que des passe-lacets. Le juge a déjà saisi le produit de la vente de la villa antillaise et l’indemnité de maire de 2 773 euros net versée à monsieur. « Patrick n’a plus un sou » se lamente l’un de ses proches. D’après cette âme charitable, il ne disposerait plus que de son indemnité de parlementaire. Et encore ! Car une partie de ce pactole est engloutie, mois après mois dans le paiement du solde de la condamnation de Balkany, en 1997, pour emploi fictif, à son domicile, de deux employés municipaux. Les enquêteurs soupçonnent l’élu d’avoir planqué quelques poire pour la soif dans des comptes offshore qui n’auraient pas encore tété découverts. Mais la surveillance étroite  dont le couple fait l’objet (leurs passeports ont été confisqués) rend ces éventuelles cagnottes difficilement utilisables. 

Dans cette enquête, qui devrait être bouclée à la fin de l’année, le juge est également tombé sur un étonnant personnage : un consultant nommé Salim Khoury qui travaille pour le cheick Al-Jaber, un promoteur soupçonné d’avoir enrichi les Balkany. Surprise : Salim Khoury est à la tête de Lavapiuma, un réseau de commerces de… blanchisseries qui a ouvert des succursales à Londres, à Beyrouth et à Paris. pour les billets de banque ou pour les paires de draps ?

*pool-house : Ces abris de piscine sont souvent de petites maisons annexes où l’on retrouve des chambres pour les invités, une cuisine d’été, un bar d’extérieur ou encore une salle à manger pour les soirées au bord de la piscine.

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Balkany, dix-sept ans d’impunité (Charlie Hebdo – 25/03/2015)

Découvrez la somptueuse villa antillaise des Balkany (Planet.fr- 13/11/2013)