Patrimoine – A Amboise, dans le dernier atelier de Léonard de Vinci

LE MONDE |  22.08.2016

Portrait de LŽonard de Vinci (1452 – 1519) (Leonardo da Vinci)

Le château du Clos Lucé vient de rouvrir au public les pièces où le génie de la Renaissance a travaillé jusqu’à sa mort.

Au terme de quinze ans de travaux, pour 12  millions d’euros autofinancés, le Clos Lucé (Indre-et-Loire), qui reçoit 360 000 visiteurs par an, célèbre les 500 ans de l’arrivée de Léonard de Vinci chez François Ier, son dernier mécène.

En septembre  1516, à 64 ans, le maître de la Renaissance italienne, invité par le roi de France, traversait les Alpes à dos de mule avec ses tableaux préférés, bringuebalés en chariot : la Joconde, la Sainte Anne et le Saint Jean-Baptiste, qu’il reprenait sans cesse, cherchant la perfection jusqu’à son dernier souffle, le 2  mai  1519.

Surplombant la vallée et le palais royal d’Amboise dans le faubourg de Cloux, ce charmant petit château, dans lequel le souverain a passé son enfance, fut mis à la disposition de Léonard par François Ier, qui lui versait mille écus d’or de pension annuelle.

La bâtisse a retrouvé l’éclat de son appareillage de briques roses et de tuffeau ciselé de fleurs de lys, et ses fenêtres à meneaux aux vitraux sertis de plomb. Cette villégiature était reliée par un souterrain de 700 mètres au palais, ce qui permettait au roi de rendre visite chaque jour à son protégé.

 » Aujourd’hui la demeure est totalement restaurée « , se réjouit François Saint Bris, président du Château Clos Lucé, demeure privée que ses ancêtres – possédant une aciérie de la région – avaient achetée en  1854 à Pierre-Joseph Pinaudier, lequel avait succédé aux seigneurs d’Amboise, propriétaires de 1632 à 1832, après les rois de France.  » Il fallait redonner à Léonard ce qui lui revenait, l’esprit et le caractère du XVIe  siècle, au temps de la Renaissance. Les travaux ont été lancés par mes parents, qui avaient décidé en  1954 d’ouvrir la propriété aux visiteurs. « 

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En  2000, priorité fut donnée à la remise en état du parc de sept hectares, puis aux façades du château à partir de 2003.

Le  » Jardin de Léonard « , île d’un hectare créée sur le marais, est inauguré en  2008 avec trente espèces de fleurs et d’arbustes qu’il avait dessinés.

La restauration de sa chambre date de 2011, enrichie d’un mobilier précieux d’époque, dont un cabinet napolitain en ébène incrusté d’ivoire.

En  2016, le chantier de restauration se termine par le plus émouvant : la restitution de l’atelier du maître, trois pièces en enfilade, jusque-là fermées au public. Son Traité de la peinture a permis d’identifier les pigments utilisés, sanguine, terre de sienne, lavis, comme ses outils, pointe d’argent, pointe sèche. Tout cela cohabite sur sa grande table de travail, avec compas, règle, trame de papier, plume d’oie, bougie, loupe, mappemonde, dans les effluves de la térébenthine et de l’huile de lin.

Les reproductions de ses esquisses sur des feuillets épars témoignent du travail en cours, comme celles des carnets de dessins, annotés d’une petite écriture ronde, régulière, qui se lit dans un miroir. Gaucher, Léonard écrit par habitude à l’envers depuis l’enfance.

Deux ans de travaux, réalisés par quinze corps de métier, ont été nécessaires pour reconstituer l’esprit même de la bottega, atelier d’artiste typique du Quattrocento, comme l’était celui d’Andrea di Cione, dit  » il Verrocchio « , un des plus actifs de Florence, où Léonard, fils naturel de Piero da Vinci, notaire, était en apprentissage à 12  ans. Verrocchio, peintre, sculpteur, décorateur, orfèvre, graveur, expert en métallurgie, en ingénierie et architecture, avait pour règle d’associer ses élèves à ses travaux. Une formation qui destinait le jeune Léonard au plus haut de la création dans sa diversité.

Les machines du futur

Sur un rayonnage, les livres en vélin qui ne le quittaient pas – ceux de Tacite, Ptolémée, Pline l’Ancien – sont disposés avec les fac-similés de ses manuscrits, choisis dans l’abondante documentation iconographique relatant ses projets conçus à Cloux : de la cité idéale de Romorantin au réseau de canaux et d’écluses reliant le val de Loire au Lyonnais ; jusqu’à la mise en scène des fêtes somptueuses, données sur place, comme la bataille de Marignan (1515) avec ses 10 000 figurants et sa forteresse en bois.

Le Clos Lucé eut la bonne idée de faire réaliser 40 modèles réduits de ses inventions annonçant avec quatre siècles d’avance les machines du futur, montrées dans une salle du château. Seule l’exposition sur la fortune de Léonard et de vilaines copies desservent le propos, au lieu d’encourager les visiteurs à voir et revoir les originaux au Louvre, à Paris. L’attraction dont les enfants s’emparent est constituée par les seize maquettes construites grandeur nature et installées dans le parc. Du chadouf à la roue à aube ou à la vis d’Archimède, c’est le char d’assaut circulaire qui remporte le plus grand succès.

Dernière innovation du Clos Lucé, la construction, en dix fois moins long, du pont de la Corne d’or à Istanbul. Elle évoque le projet que Léonard soumit, en  1502, au sultan Bajazet II, en lui envoyant les plans d’un pont de 360 mètres, aux deux arches paraboliques résistant au vent destinées à relier l’Europe à l’Asie. Ouvrage d’une épure parfaite, révolutionnaire encore aujourd’hui.

Par Florence Evin © Le Monde

Note : Photos recherche sur  Internet

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Publié le 14 janvier 2016 par kozett

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