Fin de partie pour le projet occidental

AgoraVox – 27/09/2016 – Bernard Dugué –

Renaissance Men. Copernicus (top left), Galileo (bottom left), Francis Bacon (top right), and Thomas More (bottom right). Original artwork for illustration on p25 of Look and Learn issue no 599 (7 July 1973). Lent for scanning by The Gallery of Illustration.

La modernité s’est étalée sur une période de temps infinitésimale comparée à l’évolution et même la courte histoire du passage de l’homme sur terre. Cinq siècles. Entre la Renaissance tardive de 1520 et le début du 21ème siècle. Le 16ème siècle s’est dessiné avec contraste, entre les guerres de religion, la chasse aux sorcières. Le siècle suivant a vu se dérouler une guerre moderne entre nations qui dura trente ans. Actuellement, il se passe des guerres de religions, alors que des états modernes se livrent une guerre par territoire interposé. La Syrie est un nouveau Viêt-Nam. La démonologie et les sorcières ont fait place à la chasse aux impuretés. Les virus, le gaz carbonique, les radicalisés… Toujours la crainte, la peur, la panique parfois. La partie semble finie. L’occident n’aboutira pas vers un monde paisible et radieux bâti avec le travail, la science et l’économie de marché.
Le projet moderne n’a été pensé qu’au milieu du 17ème siècle. La Renaissance au quattrocento n’a pas compris ce qu’elle accomplissait. Elle s’est pensée comme un retour esthétique et culturel de l’Antiquité. Le déclenchement de la modernité date de 1520, avec la Réforme et le Prince de Machiavel. Ce sont Bacon et Descartes qui les premiers ont imaginé mettre la nature au service de l’homme. Puis les Lumières ont façonné les idées de progrès et de bonheur avec le culte de la raison dans le sillage de Newton. Les cercles maçonniques ont inventé la religion naturelle en considérant Dieu non plus comme un mystère mais comme une énigme à résoudre. Le processus de sécularisation était en marche. Il nous a conduit vers les sociétés en perte de sens que nous connaissons.
los_angeles_cbdAprès l’an 2000, le mythe de Sisyphe devrait être revisité. Des rochers sont repoussés mais dans le même temps, d’autres rochers apparaissent. Le progrès matériel engendre aussi des maux. Il rend les hommes insatisfaits. Il crée des dégâts dans la nature. Bien plus grave que le réchauffement, la démographie, la propagation du plastique dans l’environnement et les matières toxiques. L’homme moderne est insatisfait parce qu’on lui a promis trop de bienfaits et le voilà décontenancé. Les objectifs souhaités ne peuvent plus être atteints. Pas assez de travail ni de revenus pour les plus démunis. Le chômage ne peut plus être maîtrisé car le problème est structurel. L’intégration réussie des migrants est impossible faute de moyens. Le conflit au Moyen-Orient ne peut pas être stoppé. La société se décivilise, la culture se dégrade et devient consensuelle. Le cancer, Alzheimer, Parkinson ne sont jamais guéris ni même soignés comme cela est souhaitable. Les métropoles engendrent un mal vivre dans certains quartiers. Le système de santé n’est plus accessible pour chacun. Les retraites ne sont plus assurées pour tous. Les addictions diverses se répandent dans les sociétés en perte de sens.
Les élites s’en sortent aussi bien que les administrateurs et les professeurs de soins palliatifs. Ils n’ont pas intérêt à changer les règles. Les élites, hérauts et stars de la culture mainstream non plus. Ils engrangent de copieux revenus, à l’instar des boîtes pharmaceutiques. Johnny Hallyday n’est pas remboursé par la Sécu, ni Ruquier, BHL, Arthur, Ardisson, Sébastien, Boon, Dubosq ou Luc Besson, mais ils savent nourrir les psychismes infantiles ou bien en désarroi.
Game is over, la partie est achevée. Les promesses de la modernité ne se sont pas accomplies. Les citoyens s’illusionnent en pensant que la science et la politique peuvent satisfaire leurs attentes. Les élites se mentent et nous mentent quand elles nous font croire qu’on peut espérer améliorer les choses en faisant les bonnes réformes et en prenant les mesures nécessaires. La modernité est en phase terminale. Rien ne sert d’écouter les discours politiques et d’étudier les réformes proposées par les candidats à la présidentielle de 2017. Il n’y a pas d’amélioration possible. Les consciences doivent maintenant sortir de l’illusion moderniste et matérialiste si elles veulent inventer un nouvel art de vivre ensemble et trouver un sens à l’existence.

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Nous sommes dans une fin de partie mais la majorité croit qu’il est possible de continuer cette partie. Ils verront bientôt ce qu’il en est. C’est hallucinant que de voir comment les médias, les élites et le peuple croient poursuivre cette partie avec le jeu politique actuel. Avec les réformes et les technologies. Il va falloir changer les règles du jeu économique, politique et social. Avant, la partie va se terminer, pas forcément dans la sérénité. Le plus grand parti de France, c’est celui des imbéciles ! Mais l’humain peut se transformer…

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
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