Le Monde | 05.10.2016 Par Romain Goupil (Cinéaste)
Aujourd’hui, alors que la Russie assiste Damas dans sa destruction, les rues sont honteusement vides de protestataires
Romain Goupil : « Alep brûle et le silence de Paris a un goût de cendre »
Où sont les millions de manifestants qui hurlaient de par le monde » Bush, Blair, criminels de guerre « ? Où sont les centaines de milliers de protestataires qui se massaient devant l’enceinte de l’ambassade américaine parmi lesquels certains brûlaient le drapeau israélien ? Ils étaient pour la » Paix « .
Ils n’étaient pas dans la rue lors du massacre du peuple tchétchène. Ils n’étaient pas dans la rue pendant le siège de Sarajevo. Après Srebrenica. Ils n’étaient pas dans la rue pour le Rwanda. Ils ne sont pas dans la rue pour Alep, ils ne hurlent pas contre Bachar Al-Assad et Vladimir Poutine qui rasent une ville sous nos yeux. Damas et Moscou sont prêts à tout pour mettre fin aux révoltes de feu le » printemps arabe « . Car, si les manifestants pacifiques de mars 2011 gagnaient en Syrie, l’épidémie de liberté aurait pu s’étendre en Iran et en Russie.
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Assad, Khamenei et Poutine ont donc décidé qu’il fallait tout faire pour noyer ces aspirations dans le sang. Tout : tortures, envoi d’armes, livraison sans limite de munitions, conseillers, gradés, spécialistes du renseignement, nervis. Tout faire pour empêcher que les manifestations du peuple syrien aboutissent. Leur réponse à la demande de liberté est radicale, elle est universelle. Leur exemple, c’est l’écrasement, c’est Grozny.