Le blog de Michel – 14/10/2016 –
A partir de 2017, en principe, le cumul des mandats sera limité. En principe, car comme toute loi concernant les élus et les collectivités, les mesures votées ne s’appliquent pas aux mandats en cours et 2017 étant l’année probable d’une alternance politique, certains candidats républicains ont déjà annoncé qu’ils reviendraient sur cette loi.
En attendant, les parlementaires républicains ont déjà déposé en catimini un texte à l’Assemblée Nationale et au Sénat visant à repousser cette loi de trois ans pourtant vivement souhaitée par les électeurs.
Si certains arguments en faveur du cumul semblent convenus et n’apportent rien au débat, il faut saluer tout de même la « créativité » de certains élus pour défendre leur fromage.
Les effets du cumul
Ce qui est reproché c’est non seulement le cumul de mandat (parlementaire et de président d’un exécutif local, par exemple) auquel s’adonnent 80 % de députés et 77% de Sénateurs, mais également le nombre de mandats successifs qui permet aux mêmes de faire carrière et d’amortir la perte d’un mandat en conservant un autre.
Autant dire que ce système de professionnalisation qui évite un retour à la vie professionnelle normale n’est pas un gage de compétences lors du vote de mesures concernant les salariés ou les entreprises. Beaucoup d’élus ont ainsi eu des carrières professionnelles très courtes mais continuent néanmoins de donner des leçons magistrales à ceux qui font marcher l’économie.
Le cumul produit également des effets désastreux sur la démocratie. Hormis les séances de questions d’actualités au Gouvernement où les parlementaires se pressent et se massent autour de celui qui pose la question, pour être dans le champ des caméras, l’absentéisme dans les hémicycles est toujours de mise et c’est très souvent devant des travées quasiment vides que se votent les lois de la République. Une exception tout de même, la visite de Paméla Anderson qui avait quasiment fait le plein !
Soyons objectifs tout de même, le cumul créé des emplois : collaborateurs d’élus, chefs de cabinet, attachés de presse, chargés de missions peuplent en nombre les couloirs des assemblées locales et sont aux petits soins de leur élus auxquels ils doivent tout et qu’ils cornaquent et entourent lors de la visite de l’homme providentiel qui vient assister au repas de l’association de chasse ou lors de la bise à la centenaire de la maison de retraite.
Deux ombres au tableau cependant, tout ce petit monde est payé par vos impôts et parfois le rideau de fumée produit par cette cour aurait tendance à escamoter la réalité du terrain aux yeux de l’élu.
Que disent les partisans du cumul ?
Ils nous parlent habituellement d’ancrage local et de la nécessité de détenir un mandat national pour mieux pouvoir plaider la cause d’un territoire dans les Ministères. En d’autres termes, cette fonction de rat de couloir de Ministère est juste utile pour favoriser un territoire – au détriment d’un autre ou de l’intérêt général – de préférence de la même couleur politique que l’élu, qui complète son action par une distribution très ciblée de la réserve parlementaire mise à sa disposition pour arroser le local, investissant ainsi sur sa future réélection.
Les « explications » de Michel Piron député UDI du Maine et Loire
Dans un point de vue publié récemment dans le quotidien « Ouest France », l’intéressé pointe d’abord du doigt la différence existante entre la France et les autres pays européens dont l’organisation territoriale et institutionnelle n’est pas la même pour expliquer la nécessité du cumul.
Notre système serait en cause selon M. Piron, car « il continue de privilégier une centralisation inavouée face à une décentralisation inachevée ». « On ne peut donc pas séparer la réflexion sur le cumul de celle de la décentralisation, sur la gouvernance en général et sur les rapports entre les collectivités locales et l’Etat ». Conséquence : « Un élu local n’a pas d’autre possibilité, s’il veut modifier les règles du jeu, que d’être également élu au niveau national ». CQFD !
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Piron se moque du monde
Rappelons que le parti auquel M. Piron appartient (l’UDI) était contre la décentralisation Deferre en 1982 mais que les partis politiques de droite à l’époque se sont très vite aperçus des avantages que cela pouvait procurer en jouant sur les deux tableaux, le local et le national lorsqu’on était dans l’opposition (ça fonctionne également pour la gauche). C’est ainsi qu’en jouant sur les deux, on peut se permettre de voter (ou d’aller pisser pour éviter de le faire) une disposition au Parlement au nom de l’intérêt général et de défiler plus tard avec les élus locaux pour s’y opposer.
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Piron semble ne pas connaître les attributions d’un parlementaire