International – Aux Philippines, une sénatrice ose défier Duterte

L’ex-ministre de la justice Leila de Lima dénonce la campagne sanglante contre la drogue du président populiste

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Le Monde 26/10/2016
Son entourage l’avait prévenue. Monter au front en attaquant Rodrigo Duterte, si tôt après l’arrivée au pouvoir de celui-ci, l’exposerait à une riposte des plus violentes, d’autant que les sondages des premiers mois montrent que le président philippin reste extrêmement populaire.  » Mais combien de morts fallait-il attendre ? « , a rétorqué Leila de Lima.
Cette sénatrice de 57 ans, ministre de la justice sous l’administration précédente, n’hésite pas à demander à la Cour pénale internationale de se saisir du cas Duterte. Depuis son installation au palais de Malacañang, le 30  juin, le nouvel homme fort de Manille mène une violente campagne contre la drogue. Elle a coûté la vie à plus 2 300 personnes, abattues soit lors de descentes de police soit par des tueurs de l’ombre. Du moins, selon le bilan officiel, que la police nationale avait établi à 3 600 morts début octobre, avant de le réviser sans donner de détails.
La haine réciproque entre Leila de Lima et Rodrigo Duterte est antérieure à l’accession de ce dernier à la plus haute fonction. En  2009 déjà, alors que cette avocate dirigeait la commission des droits de l’homme du pays, elle avait ambitionné d’enquêter sur l’escadron de la mort de Davao, qui fit plus d’un millier de victimes sur les deux décennies de M. Duterte à la mairie de cette ville.  » C’est une vengeance parce que j’ai enquêté sur le Davao Death Squad, estime Mme  de Lima. Il ne l’a pas oublié. « 
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Avocate de formation, Leila de Lima prend, en mai 2008, la tête de la commission des droits de l’homme des Philippines. En juin 2010, elle est nommée ministre de la justice dans l’administration du président de l’époque, Benigno Aquino, honni de son successeur, Rodrigo Duterte.
Elle occupe le poste jusqu’en octobre 2015, lorsqu’elle annonce son entrée en campagne pour les sénatoriales. Elle accède à la Chambre haute lors des élections générales du 9 mai, au moment même où le populiste Rodrigo Duterte remporte l’élection présidentielle.
Mme de Lima a prévenu qu’elle suivrait au plus près le dossier des exécutions extrajudiciaires sous la nouvelle administration. Le président l’a aussitôt menacée d’un procès et lui a conseillé de  » se pendre « .
Harold Thibault
© Le Monde

 

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