Deux-Sèvres – Bressuire – Parc et jardins : Rencontre avec ces migrants qui peuplent nos villes

La Nouvelle République 30/10/2016
Nos villes sont littéralement envahies. Mais ces essences végétales qui nous entourent nous sont tellement familières qu’on les croit indigènes.

arbres originaux

Place Bujeault. Petit cours sur la taille en tête de chat des marronniers.
Vous avez ici un spécimen unique de chêne cyprès. Sur le parking de la police municipale de Bressuire, Étienne Berger fait son petit effet. « Je plaisante », s’empresse d’ajouter le directeur de Bocage pays branché qui captive une vingtaine de personnes dans une découverte pleine de surprises du Bressuire végétal. L’arbre en question est en fait un chêne « classique » dont la taille lui a donné des faux airs de cyprès. Un traitement que le guide du jour déplore.
Des étrangers dans la ville

arbres originaux

Le square de la Garre offre un condensé des essences végétales habituellement employées en milieu urbain.
Dernier événement de l’année « Parcs et jardins » de la Ville, cette découverte des arbres de la Bressuire est pleine de surprise. Du début à la fin, Étienne Berger se livre à une passionnante exploration des essences végétales qui peuplent nos rues. De la vigne vierge qui tapisse l’hôtel de ville aux platanes du château en passant par les essences les plus communes, on découvre un monde ignoré.
La plus grosse surprise est peut-être la provenance de ces arbres. « Avec la dernière grande glaciation, toutes les essences ont été chassées vers le sud, sauf en France où, bloqués par les Pyrénées, ils ont disparu », raconte Étienne. « C’est pourquoi beaucoup des essences que nous croyons indigènes ont en fait été ramenées des Amériques, d’Asie Mineure ou d’ailleurs. »

marrondinde1

On découvre ainsi que le marronnier d’Inde tient son nom du fait qu’il a été rapporté par la Compagnie des Indes… des Balkans. Tout aussi surprenant, le noyer, le châtaignier, le cerisier, l’amandier, l’abricotier, le pêcher sont des espèces introduites par l’homme parmi bien d’autres. « Les Romains ont ramené une première vague d’espèces en Europe. Puis ce furent les croisades. On introduisait alors ces arbres pour nos besoins en bois et en alimentation. Avec l’urbanisation, on s’est mis à introduire des espèces ornementales. »

glycine

Au fil de la promenade, on découvre ici une glycine remarquable, là un powlonia discret… On n’évite ni le cèdre du Liban et les Araucarias du cloître Notre-Dame, ni le tilleul de la place des Drapiers, ni l’if de la place des Jumelages. « Pour le coup, l’if est bien une des seules essences indigènes », précise Étienne Berger qui se désole devant son état. Selon lui, le destin de cet if est scellé si on n’ouvre pas la gangue de bitume qui l’entoure. Plus loin, c’est un robinier acacias de la place des Anciens-Combattants rongé par un champignon qui menace de succomber.

lierre-tronc-arbre

On découvre aussi que certains arbres absorbent la pollution (lierre, érables…) quand d’autres (marronnier) en souffrent. Mais l’autre peuple de la ville, lui, souffre en silence.
nr.bressuire@nrco.fr

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
Cet article, publié dans Ecologie, Nature, est tagué , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.