Jamais contentes

Charlie Hebdo – 02/11/2016 – Gérard Biard –
Mais qu’est  ce qu’elles veulent encore, les pétroleuses ? Elles ont du boulot, elles devraient être heureuses, beaucoup d’hommes n’en ont pas. Eh bien, non, réveillées par le dernier rapport du Forum économique mondial sur la parité hommes-femmes au travail, elles ressortent les slogans archaïques que l’on croyait enfin enterrés sous la poussière des luttes sociales d’un autre siècle : « A travail égal, salaire égal ! » Et gnagnagna et gnagnagna. Le 24 octobre, les Islandaises ont même cessé le boulot pour descendre dans la rue. A 14h38 pile.
Il paraît que c’est l’heure à laquelle, selon leur calculs elles commencent à travailler gratuitement, alors que les hommes sont payés jusqu’à 17 heures… Tant qu’elles y sont, elles pourraient tout aussi bien se mettre en grève dès aujourd’hui, et ce jusqu’à la fin de l’année : en 2015, trois commissaires européens avaient calculé que, dans l’UE, les femmes travaillaient gratuitement à partir du 2 novembre… Certains rapports, bien très sérieux et d’intérêt général, devraient impérativement être classés secret-défense.
commision_europeenne_egaliteOn a tout donné aux femmes : le droit de voter et d’être éligibles, le droit de travailler et d’ouvrir un compte en banque sans notre autorisation, le droit de divorcer et d’avoir une pension alimentaire, le droit de refuser le devoir conjugal, même… Voilà qu’elles nous ressortent l’éternelle rengaine de l’égalité salariale, alors que nos entreprises ont de moins en moins compétitives. Comme s’il n’y avait pas d’autres priorités. Mais, vous l’avez, l’égalité salariale, puisqu’elle est inscrite dans la loi ! D’accord, elle n’est pas appliquée, mais s’il fallait s »arrêter à ce genre de détail… L’essentiel est que ça soit écrit, noir sur blanc. Et puis, vous ne pensez pas que notre économie est suffisamment handicapée par les lourdeurs administratives, sans qu’il soit besoin d’en rajouter en tracasseries ? Je ne voudrais pas faire mon Zemmour, mais notre belle civilisation gallo-chrétienne est vraiment tombée bien bas. A l’heure où les enfants changent de sexe à l’école primaire, si on ne peut plus compter sur le salaire pour différencier un homme d’une femme, nous sommes foutus ! 
Encore 170 ans de tranquillité
pascal-escalier-roseD’un autre côté, on aurait tort de s’affoler. Les férus de chiffre du Forum économique mondial ont également calculé que, si l’on continue la mise à jour de l’égalité au rythme qui est le nôtre, on n’atteindra pas la parité salariale avant 2186. En Europe, terre d’égalité, il faudra attendre 170 ans. On se plaint que l’action politique ne travaille pas assez sur le long terme, et quand elle le fait, on râle… En tout cas, le pape François peut être rassuré, la diabolique théorie du genre n’est pas près de contaminer l’échelle des salaires.
C’est ainsi S’il est déjà dur de faire adopter certaines lois, il est encore plus dur de les faire appliquer. Et curieusement, c’est le cas pour la majorité des lois sur l’égalité hommes-femmes. En cause, les habitudes têtues, les pressions sociales, les « traditions », la volonté de ne pas bousculer trop violemment les usages établis… Sans oublier le peu d’empressement côté mâle, à abandonner des avantages acquis depuis la nuit des temps.
Il y a donc le temps législatif indispensable, puis le temps réel, tout au long duquel il faut faire assaut de pugnacité. Si le harcèlement, par exemple, est bien puni par la loi et raisonnablement condamné par l’opinion, il est toujours difficile pour une femme de rentrer d’une journée de métro-boulot-dodo sans être obligée d’effacer les taches de doigts gras sur ses fringues, et les fines allusions « grivoises » de son esprit. Même ceux qui votent les belles lois paritaires n’y échappent pas : selon une étude menée auprès de femmes parlementaires dans 39 pays, 82 % d’entre elles affirment avoir été victimes de sexisme ou de violences.
53o5yvt3Car le plafond de verre présente un double avantage : non seulement il est blindé, mais en plus il permet de loucher dans les décolletés…

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
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