Indre – Issoudun souhaite la bienvenue à ses migrants

La Nouvelle République 15/11/2016
Les quarante migrants arrivés jeudi ont été accueillis, hier, par une cérémonie à la cafétéria de la Méli.

PHOTO PATRICK.GAIDA ARRIVEE DES MIGRANTS A ISSOUDUN ACCUEIL A LA MELI

Au CAO d’Issoudun, les sourires reviennent chez ces jeunes hommes au lourd vécu.
Il soulève son tee-shirt pour montrer une cicatrice rouge près du sternum. « Là, j’ai pris une balle. Et j’en ai eu une autre dans ce bras », détaille Elhadj Massoud. Sa joue droite et son cou portent deux autres stigmates. « Des coups de couteau. Par les militaires. On a souffert. Trop souffert. Si j’y retourne, ils vont me tuer. Je vous assure. Ils tirent les gens comme des poulets, là-bas. »
Elhadj Massoud a fui la Guinée le 29 mars. Il est entré le 26 mai en France, après avoir traversé le Maroc puis l’Espagne. Ses parents ont été tués. Dans son pays, il a laissé sa femme, son petit garçon et son jeune frère. « Je n’avais pas les moyens de les amener avec moi. Je veux construire ma vie en France et qu’ils viennent me rejoindre. »

LA JUNGLE DE CALAIS

Elhadj Massoud est arrivé à Issoudun jeudi soir, avec trente-neuf autres réfugiés (NR de samedi) de six nationalités différentes : Soudan, Guinée, Mali, Tchad, Érythrée, Libye (1). Ces hommes seuls ont été répartis dans les dix appartements mis à disposition du centre d’accueil et d’orientation géré par l’association Solidarité Accueil. Elhadj Massoud, lui, loge avec deux autres Guinéens qui ont fui avec lui. « Dormir dans une maison c’est bien. On était dans la rue, dans le froid. Des conditions vraiment difficiles, lâche-t-il pudiquement. Mais je peine encore à trouver le sommeil. Je ne vais pas bien. J’ai des problèmes au cœur depuis les tortures. »
Un nouveau départ
A seulement 23 ans, le jeune homme a déjà un lourd vécu. Malgré tout, il sourit à la vie. Avec les travailleurs sociaux de Solidarité Accueil, il va s’efforcer, comme les trente-neuf autres migrants, de se construire un nouveau destin. « Les visages sont toujours fatigués mais je vois des sourires moins crispés qu’il y a quelques jours. Il va leur falloir un peu de temps pour s’adapter, se libérer de leurs inquiétudes et faire confiance. Certains ont vécu tellement de souffrances dans leurs pays d’origine qu’ils peinent à réaliser qu’ils sont à présent en sécurité », constate Pascale Silbermann, sous-préfète, présente pour les accueillir jeudi soir.

PHOTO PATRICK.GAIDA ARRIVEE DES MIGRANTS A ISSOUDUN ACCUEIL A LA MELI

Hier après-midi, la représentante de l’État a participé à la petite cérémonie d’accueil organisée par la municipalité d’Issoudun avec Solidarité Accueil. Une cérémonie sobre, où les sourires, les regards et les poignées de mains appuyées, andre-laignel9ont remplacé les longs discours. « Vous avez traversé de nombreuses épreuves. Nous espérons que votre séjour à Issoudun sera l’occasion d’un nouveau et beau départ », a encouragé André Laignel qui compte sur la « solidarité » de sa population. « Ils sont à présent guidés et encadrés pour bâtir leur destin. Il n’y a aucune raison d’avoir peur et toutes les raisons d’avoir la générosité au cœur. »
(1) Onze autres réfugiés ont été acheminés, jeudi soir, vers le CAO de Châteauroux.
M.R.

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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