Abbaye de Pontlevoy : 10 jours pour une surenchère

La Nouvelle République 16/12/2016

Rachetée en 2001 par un promoteur américain pour en faire un centre d’accueil pour étudiants du Mississippi, l’abbaye était mise aux enchères hier.

 A 18 h 10, après une suspension de séance, a été rendu le jugement d’incident. Non, le report de la vente – demandé trois heures plus tôt par la SCI de Pontlevoy gérée par le promoteur américain Murray Wikol – « ne sera pas ordonné ».

Mais, dans la foulée, personne n’a voulu se porter acquéreur du monument à deux millions d’euros, ni, plus tard, au prix d’un million. Le créancier poursuivant, en l’espèce la société HSBC France, est donc déclaré d’office adjudicataire. Tout un chacun a dix jours – et donc jusqu’au 26 décembre – pour faire une surenchère de 10 %. Si une surenchère est formulée d’ici là une nouvelle vente interviendra dans un délai de 2 à 4 mois sur la nouvelle mise à prix.

A la mairie de Pontlevoy, on soulignait déjà depuis quelque temps l’urgence de la mise en vente de ce vaste ensemble de 8.900 m² de surface habitable et six hectares de terrain.
C’est avec l’ambition de créer dans le Loir-et-Cher un centre pour étudiants de l’université Sud Mississippi désireux de passer quelques jours en Europe que l’Américain Murray Wikol avait racheté en 2001 l’abbaye. A l’époque, cet investisseur du Michigan, et expert en négociation immobilière de grands projets, voyait les choses en grand et souhaitait faire venir chaque année 200 étudiants américains pour qu’ils y effectuent une partie de leur cursus.

«  Annulée après les attentats de Nice  »

A l’automne 2002, le centre avait accueilli « une centaine d’étudiants donc deux promotions, puis une seule en 2003 juste avant le déclenchement de la troisième guerre du Golfe », se souvient Hubert Armand, premier adjoint au maire de Pontlevoy. Leur nombre n’avait cessé de décroître au point que le centre n’avait accueilli qu’une trentaine d’étudiants l’an passé. Et l’adjoint d’ajouter :

Les Américains sont particulièrement frileux quand il s’agit de leurs enfants. Il devait y avoir une promotion en septembre 2016 mais elle a été annulée après les attentats de Nice (le 14 juillet dernier). « 

Au printemps 2002, le propriétaire avait acheté l’abbaye de Pontlevoy « 6 millions de francs », selon l’adjoint municipal, avant d’engager de « très importants » travaux d’aménagement dans le but de recevoir des étudiants. Pour cela le propriétaire avait reçu « 4,5 millions de francs du conseil départemental, un million de francs de la Région et 500.000 francs de la commune de Pontlevoy », se souvient Hubert Armand.

Outre les visites de ses jardins, cette abbaye du XVII^e siècle organise son Festival de musique classique qui, en 2017, soufflera sa 32^e bougie. Pour Hubert Armand, ce festival continuera :

A l’avenir, la municipalité souhaite que l’abbaye reste ouverte sur l’extérieur, que ce soit à la faveur d’une entreprise commerciale, touristique, ou d’un lycée… « 

Adrien Planchon

Loir-et-Cher –