Deux-Sèvres – Agriculture :  » Le bio n’est ni une secte ni une religion « 

La Nouvelle République 07/01/2017
Nous publions sur internet la carte des Deux-Sèvres des circuits courts bio. Patrice Fillonneau, à Coulon, est l’un de ces producteurs en vente directe.

Carte du bio S�b

Sur cette parcelle de Coulon, entre haie replantées et enherbement laissé libre pour les animaux de passage, Ginette Robert et Patrice Fillonneau voient même pousser du blé tendre en janvier.
A Coulon, cet épi de blé tendre qui se joue des frimas avec malice sur la terre gelée de janvier a aussi le don de faire fleurir un sourire sur le visage de Patrice Fillonneau. Ici, à « La Mare de Veauron », l’agriculteur veille sur des milliers de graines qu’il conserve comme autant de trésors. La conversion au bio, c’était quand ? Cette question aussi le fait sourire. « Conversion ? Le bio n’est ni une secte, ni une religion », balaye-t-il d’un revers, à l’abordage d’une année 2017 où il plantera encore 10 km de haies sur ses 48 ha de terre, en plus de la quinzaine de kilomètres déjà bien en place dans son bocage reconstitué d’après les plans napoléoniens et d’anciennes vues aériennes.
«  La richesse de la vie ne se quantifie pas en économie  »
Parcelles réduites, enherbements sur les bords, de la place pour les animaux de passage, du trèfle pour régulateur et l’écosystème en étendard… Tout ce travail est la suite logique de plus de plus de dix années d’expérience biologique. Car, pour répondre à la question, c’est en 2005 qu’il a basculé dans une autre agriculture.
Fini les intrans, pesticides et la « période où on en était rendu à payer notre production deux fois ». Après son BEP agricole, l’enfant du Poiré-sur-Velluire (Vendée) a pourtant bien connu l’agriculture intensive, la course à la mécanisation, le petit doigt sur la couture des prix du marché. Pendant sept ans, son parcours atypique l’avait amené à travailler auprès d’un ingénieur agronome. Il y a beaucoup appris. « La filière industrielle, on l’a vu passer, dépassée. Le choc économique des années 2003, cela a été le ras-le-bol pour moi. La course à la rentabilité, l’endettement chronique, la perte d’autonomie et de repères n’avaient plus de sens », confie-t-il.
Tandis qu’aujourd’hui, « l’épanouissement de l’exploitation avec toute sa diversité permet de nourrir la famille et en plus cela entraîne des dynamiques. »
Avec des acteurs associatifs comme l’Association Terre de solidarité, l’agriculteur a pu refaire son déficit de confiance dans ce maillage humain, en lien avec le territoire. Sur les terres acquises en 1986 ici, faute d’avoir trouvé son prix dans une Vendée agricole alors très prisée, l’agriculture biologique a aussi permis à Patrice Fillonneau de voir proliférer le lien social. « Il nous a proposé gracieusement des terrains pour notre ail, nos oignons et nos échalotes, quand nous nous sommes retrouvés sans terre », se rappelle Ginette Robert, qui a présidé en son temps l’Association terre de solidarité, toujours parmi les fidèles des parcelles de Patrice Fillonneau.
Sègle, blé tendre, petit et grand épeautres, petits pois, lentilles vertes, lentillon de champagne, sarrasin, millet blanc associé au soja, cameline et même quinoa sont produits ici. L’argument économique n’a pas été le seul facteur de cette mutation. « La richesse de la vie ne se quantifie pas en économie. L’agriculture s’est fermée, est devenue hors sol… Faire des semis et des plantations ensemble, c’est une expérience inoubliable, l’autonomie c’est important aussi. Le bio m’a permis de faire en sorte de pouvoir partager, d’ouvrir davantage au public », se réjouit l’agriculteur qui avait encore un millier de variétés de céréales à l’essai l’an passé et qui prend grand soin de ses fruitières conservatoires et ses graines.
Un groupe d’experts chinois est passé l’an passé regarder ici de plus près ce modèle et ces expériences. « Les écoles nous prenaient des lentilles en circuit court, mais ces marchés ont diminué depuis les changements politiques locaux », constate Patrice Fillonneau. Mais les nouvelles orientations des grandes et moyennes surfaces qui s’approvisionnent de plus en plus vers les coopératives bio ouvrent en grand d’autres horizons sur ces terres où, en plein hiver, pousse même le blé tendre.
nr.niort@nrco.fr
Sébastien Acker
Pour retrouver la carte interactive des producteurs bio en vente directe sur lanouvellerepublique.fr, suivez le lien court : http://bit.ly/2iZkho4
Deux-Sèvres : La carte du bio en vente directe
Contact : Agrobio, 22, rue d’Anjou à Secondigny. Tél. 05.49.63.23.92.
Loïc Rochard, éleveur ovin et de volailles à Genneton. – (Photo archives NR)

Lo�c Rochard, �leveur ovins et volailles bio � Genneton, parmi ses moutons.

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
Cet article, publié dans Consumérisme, Economie, est tagué . Ajoutez ce permalien à vos favoris.