Santé : Lobby pharmaceutique et médecins : une transparence bien cachée

Le Canard Enchaîné – 11/01/2017 –

Un tour de force ! Les montants des contrats passés entre toubibs et labos seront enfin rendus publics, « le 1er avril 2017 », vient d’annoncer Marisol Touraine.

A un petit mois près, la ministre aura donc réussi à faire traîner le mesure durant tout le quinquennat ! En vertu de la loi Bertrand, cette obligation de transparence aurait du entrer en vigueur dès 2012. Mais Marisol Touraine a brillamment joué la montre, à la grande joie des industriels. Le premier décret, concocté par ses soins, organisait si peu la transparence voulue par la loi que le Conseil d’État l’a retoqué. La ministre ne s’est pas pressée pour revoir sa copie : le nouveau décret n’est sorti que le 30 décembre dernier, cinq ans après la loi Bertrand ! Et rien, dans cette nouvelle version, ne dit que la publication des montants sera rétroactive…

Pour en avoir le cœur net, il faudra attendre l’arrêté, et la publication des données, qui interviendra donc, promis-juré, le 1er avril. Ce n’est pas un poisson ? « Je me voyais déjà », c’est une rengaine chère à Marisol. Hollande réélu, elle pensa au Quai d’Orsay, la Défense et même, surtout, Matignon, qui sait ? L’année dernière, elle s’était vue aussi dans le fauteuil de Le Drian. Hollande la laissa rêver. A la tête d’un ministère qu’elle rêvait de quitter, Elle n’est pas peu fière de son bilan.

« Nous avons sauvé la Sécu » estime-telle modestement? Rien que ça. La Sécu, parlons-en. L’indéniable amélioration des comptes doit beaucoup à la réforme des retraites imposée par la droite en 2010. A l’époque, Marisol n’avait pas de mots assez durs contre ce texte. D’ailleurs, croix de bois, croix de fer, la gauche abrogerait ce texte, promettait-elle, comme on promet quand on est dans l’opposition.  Elle l’a conservé et conforté. Quant à la branche maladie, elle devrait être encore ne déficit de 3 milliards cette année. Mais surtout, la ministre se garde bien d’évoquer le véritable trou de la Sécu, qui, lui, n’est pas prêt de disparaître : une dette de 150 milliards d’euros méthodiquement creusée depuis 20 ans par tous les gouvernements, gérée par un organisme dont on ne parle guère, la Caisse d’amortissement de la dette sociale. C’est technique, ennuyeux en diable et explosif. Et l’essentiel, c’est de ne pas en parler. Marisol fait cela très bien.

On la voit encor eplus en Indre-et-Loire ces temps-ci; les législatives approchent. L’ex strauss-kahnienne qui avait eu tant de mal à comprendre l’épisode du Sofitel -«  j’ai trouvé incroyable qu’il n’ait pas pu se tenir« – se met doucement à penser à son avenir. Hollande n’a pas su reconnaître ses mérites, est-ce une raison pour s’effacer ? Après avoir durement attaqué Macron pendant des mois, elle a fait mine de croiser le der avec lui sur Twitter, tout en lui donnant du « cher Eammanuel« . Pourquoi insulter l’avenir ?