Le regard de Plantu – De gauche à droite : Macron le trouble-fête de la campagne présidentielle

plantucid_image003_png01d270f1
Le Monde | 16.01.2017 | Par Cédric Pietralunga
L’installation de l’ancien ministre de l’économie dans le paysage bouscule la primaire et crée la confusion à gauche. Certains élus s’interrogent sur un vote utile en sa faveur.
La dynamique de campagne d’Emmanuel Macron sème le désarroi à gauche
« Macron ? Comment vous dire… Ras-le-bol ! », s’était énervée Martine Aubry à l’automne 2015, agacée par les attaques du ministre de l’économie contre les 35 heures ou les fonctionnaires. Seize mois plus tard, le désormais candidat à l’élection présidentielle s’est offert un pied de nez en rassemblant, samedi 14 janvier, plus de 4 000 personnes à Lille, la ville dirigée depuis 2001 par l’ancienne ministre du travail. Taquin, Emmanuel Macron s’est même permis de souhaiter « un prompt rétablissement » à la maire de Lille, opérée du dos mercredi et en retrait de la vie politique pour six semaines.
S’il ne participe pas à la primaire à gauche, qu’il assimile à une « querelle de clans », M. Macron multiplie les démonstrations de force. Le 10 décembre 2016, il a réuni plus de 12 000 sympathisants et curieux à Paris. Le 6 janvier, ils étaient un millier à Nevers. Le lendemain, 2 500 à Clermont-Ferrand. Personne, à droite comme à gauche, n’attire autant de monde. « Macron s’installe durablement. Ce n’est pas un feu de paille », reconnaît Pascal Terrasse, député (PS) de l’Ardèche, un temps proche de l’ex-ministre avant de prendre ses distances. « Quelque chose est en train de se métaboliser dans la société », se réjouit l’entourage.
« Pour l’instant, Macron est en apesanteur »
Dans les équipes de campagne, le candidat de 39 ans est devenu une obsession. Officiellement, tous disent ne pas s’inquiéter de l’affluence dans ses meetings et de ses …
L’accès à la totalité de l’article est protégé

lemonde_emmanuel-macron-lors-d-un-meeting-de-campagne_9c9729c0bc00e621f98549eb0c2bd11a

François Fillon s’inquiète de la poussée du candidat Macron
Pour la droite, l’heure est venue de « pilonner » le « fils parricide de François Hollande », car il peut être présent au second tour de la présidentielle.
LE MONDE | 16.01.2017  | Par Alexandre Lemarié
Feu sur Macron ! Après l’avoir longtemps ménagé, François Fillon et ses troupes ont décidé de charger ce rival qui leur inspire la plus grande crainte pour l’élection présidentielle. « Il faut le pilonner car il est devenu trop dangereux, juge l’entourage du candidat de droite. Il peut siphonner les voix de la gauche et jouer le second tour. »
Samedi 14 janvier, lors du conseil national du parti Les Républicains (LR), ce fut un vrai feu d’artifice à l’encontre du fondateur d’En marche ! Plusieurs ténors de droite ont vivement critiqué son bilan au ministère de l’économie. « Il est le coresponsable et le mauvais génie du matraquage fiscal », a dénoncé Valérie Pécresse. « C’est le fils parricide de François Hollande », a assené Jean-Pierre Raffarin, après que Bruno Retailleau a tiré à boulets rouges sur « le fossoyeur du quinquennat et le candidat de la contradiction et du flou ». Le signe qu’Emmanuel Macron était dans toutes les têtes des ténors de LR : « En route et pas en marche ! », a lancé la députée filloniste Annie Genevard à la tribune pour introduire son discours…
Cette offensive résulte d’une stratégie mise au point par l’équipe de M. Fillon. Récemment, une répartition des rôles s’est opérée : le candidat doit parler de son projet en s’adressant directement aux Français, pendant que ses lieutenants sont chargés de cibler ouvertement Emmanuel Macron. « Ce n’est pas à Fillon de cogner Macron mais à ses snipers », explique un stratège de la campagne.
« Politique de l’eau tiède »
Le message a été entendu par Pierre Danon. Dans Le Monde, ce proche conseiller de M. Fillon signe une tribune exclusivement destinée à écorner l’image de l’ex-inspecteur des finances, dépeint comme « l’héritier d’un radical-socialisme », et tenant d’une « politique de l’eau tiède qui a conduit notre pays à la faillite ». « Macron, c’est la poursuite de la politique du passif, du statu quo et de la dette », tranche-t-il.
Autre proche de M. Fillon, Bernard Accoyer a également la dent la plus dure contre l’ex-banquier de 39 ans, qu’il a qualifié samedi d’« escroquerie politique », en fustigeant sa démarche « anti-système ». « Macron, c’est une forme de populisme conduite par un pur produit de ce qu’il prétend lui-même dénoncer », déclare le secrétaire général de LR au Monde, avant de conclure : « C’est un Beppe Grillo en Giorgio Armani ! »
Cette multitude d’attaques en direction de l’ex-patron de Bercy tranche avec la stratégie suivie jusque-là par le camp Fillon. Dès décembre, plusieurs ténors de droite – tels Eric Woerth ou Benoist Apparu – s’inquiétaient du potentiel de ce rival attractif auprès des électeurs de droite, en particulier les jeunes, avec son positionnement libéral et pro-business. Mais à l’époque, ni le candidat de droite ni ses soutiens ne se risquaient à trop l’attaquer publiquement. Pas question d’accréditer l’idée que M. Fillon éprouverait de la crainte, ni d’accorder trop d’importance à ce jeune ambitieux. Récemment, quand la presse a demandé à l’ex-premier ministre pourquoi il ne ciblait pas plus frontalement M. Macron, il a feint l’étonnement : « Il est tellement flou, qu’est-ce que vous voulez pour le moment taper ? »
Faire passer Macron pour le « candidat des élites »
Pourtant, en coulisses, la riposte s’organise depuis plusieurs semaines. Dès mi-décembre, l’équipe du candidat de droite a monté un plan anti-Macron, en planifiant l’agenda du début de 2017 pour concurrencer les positions de l’ex-protégé de François Hollande. Ce dernier se pose en candidat de la modernité et de la jeunesse connectée ? Le « geek » Fillon se rend au Salon mondial du high-tech, à Las Vegas, du 4 au 6 janvier. M. Macron se montre discret sur les sujets régaliens ? M. Fillon programme un déplacement de deux jours dans les Alpes-Maritimes, les 11 et 12 janvier, axé sur les thèmes de l’immigration, de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme.
Début janvier, un débat a eu lieu dans l’équipe Fillon sur la meilleure manière de contrer M. Macron. Un angle d’attaque a fait consensus : l’idée de faire passer cet énarque pour le « candidat des élites », qui serait le favori de la présidentielle, déjà désigné par les médias contre l’avis du peuple… Soit le même angle d’attaque que celui utilisé par François Fillon et Nicolas Sarkozy face à Alain Juppé pendant la campagne de la primaire à droite.
Depuis, le nouvel homme fort de la droite ne cesse de répéter ce message. « Il y a deux mois, je n’étais pas le candidat de l’establishment et je n’ai pas l’intention de le devenir », a-t-il lancé le 10 janvier, lors de ses vœux à la presse. Sous-entendu : c’est Macron, « le candidat de l’establishment ». Une formule reprise quatre jours plus tard, lors du conseil national… « Vu que les favoris sont tous rejetés, il faut que Fillon refile ce statut à Macron », juge un proche de l’ex-premier ministre. Un pari risqué.
Alexandre Lemarié
Journaliste en charge du suivi de la droite et du centre
Lire aussi :   Le FN voit en Macron un « concurrent direct »
Le FN voit en Macron un « concurrent direct »
Les dirigeants du parti d’extrême droite attendent le programme de l’ex-ministre pour redoubler leurs attaques.
LE MONDE | 16.01.2017 | Par Olivier Faye
Emmanuel Macron vient de s’imposer à l’agenda du Front national. Alors que le parti d’extrême droite concentrait jusqu’à présent ses attaques sur François Fillon, candidat du parti Les Républicains, l’ancien ministre de l’économie a contraint, ce week-end, les chefs de file frontistes à répliquer à sa volonté affirmée de s’ériger en « rempart » face à « un parti qui porte la haine, l’exclusion et le repli ».

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
Cet article, publié dans Débats Idées Points de vue, Humour, Politique, est tagué , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.