A Colmar, « Coeur Paysan », un magasin de vente directe de producteurs a ouvert ses portes

L’Alsace – 15/11/2016 – Françoise Marissal –
Un magasin de vente directe de producteurs ouvrira ses portes début décembre à Colmar, dans un ancien magasin Lidl. « Cœur paysan » rassemblera 35 paysans alsaciens.
À l’image du magasin « Hopla » à Oberhausbergen, « Cœur paysan » sera géré et tenu par les producteurs locaux. Archives L’Alsace/ À l’image du magasin « Hopla » à Oberhausbergen, « Cœur paysan » sera géré et tenu par les producteurs locaux. Archives L’Alsace/
Marché paysan, vente à la ferme, Ruche qui dit oui !, Amap, les filières courtes ont le vent en poupe. Dernier exemple en date : l’ouverture, début décembre à Colmar, de « Cœur paysan », un magasin de vente directe. 35 agriculteurs, de la vallée de Masevaux jusqu’à Sand près de Benfeld, vendront directement leur production dans l’ancien Lidl de la route de Neuf-Brisach.
« Tout est parti d’une étude menée il y a un an par la Chambre d’agriculture et la Région sur la préservation et la valorisation des prairies de l’Ill » , indique Denis Digel, président des maraîchers réunis de Sélestat et porteur du projet. « Préserver les prairies, c’est une chose, mais il faut savoir ensuite que faire avec. Les éleveurs sont touchés de plein fouet par la crise du lait et de la viande et ne peuvent se permettre d’avoir des prairies qui leur coûtent de l’argent. »
Les gens veulent savoir ce qu’ils mangent
Une des pistes évoquées dans cette étude était la création de magasins de producteurs. D’une part, ils permettent aux agriculteurs de valoriser leur production. « Les fermes auberges ont permis de préserver l’agriculture de moyenne montagne, de même que les magasins de producteurs en sous-montagne, comme le Cellier des montagnes à Hachimette. »
C’est ainsi qu’un des premiers participants au projet est un producteur de fromages de Mussig, qui exploite les prairies pour le foin.
D’autre part, « il y a chez les producteurs un savoir-faire qui ne peut être valorisé dans les supermarchés, où tout est calibré et standardisé ». Lui-même cultive 35 sortes de tomates, « mais les supermarchés ne m’en prennent que deux sortes. »
À qualité constante, nos produits seront moins chers qu’en supermarché
Enfin et surtout, la demande pour le local n’a jamais été aussi forte. « De plus en plus de gens veulent savoir ce qu’ils mangent et d’où cela vient. Ici, ils auront chaque jour en face d’eux des agriculteurs, qui pourront leur expliquer leur travail, les informer. »
L’ouverture de ce magasin ne risque-elle pas d’être en concurrence avec les autres circuits courts ? « L’étude a montré qu’il y a un potentiel pour les développer encore plus. D’autant plus que notre magasin peut intéresser des clients de la grande distribution. À qualité constante, nos produits seront moins chers qu’en supermarché puisqu’ils seront locaux, de saison et vendus sans intermédiaire. »
Vivre de leur métier
Certes, les tomates espagnoles à 1 € le kilo resteront imbattables « mais il ne faut pas leur demander de qualité, ni gustative, ni sociale, ni environnementale. »
Par ailleurs, en fixant eux-mêmes leurs prix, les producteurs pourront vivre de leur métier, et même embaucher. Ainsi, la ferme du Steinmauer à Linthal (fromages de chèvre bio) devrait concrétiser un projet d’embauche ; de même la ferme des Trois P à Berrwiller (porcs), en transformant sa viande, devrait pouvoir embaucher un boucher. À noter que 30 à 40 % des producteurs présents seront bio.
Quant au choix du nom « Cœur paysan », il vient d’un constat « Quand j’ai commencé en 1990, le terme « paysan » était péjoratif. Aujourd’hui, il retrouve sa noblesse, le regard des gens a changé sur nous, nous avons voulu marquer cette fierté d’être paysan. »
Par opposition au gros exploitant ? Denis Digel refuse d’opposer grandes et petites exploitations. « La proximité n’est pas que le fait de petits paysans. Il faut de grandes surfaces pour répondre aux demandes d’approvisionnement. Au magasin, nous avons des petits paysans qui ont du potentiel pour se développer, et de plus gros exploitants. Il y a de la place pour tout le monde. »
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