La Turquie à l’offensive contre l’Etat islamique

Face à la menace djihadiste, la Turquie passe la vitesse supérieure. Plus de 800 personnes soupçonnées de liens avec l’organisation Etat islamique ont été arrêtées. La plus vaste opération policière jamais menée dans le pays.

Le Monde 07/02/2017

Agir plutôt que subir. Après avoir connu sur son sol les affres du djihadisme, la Turquie s’est résolue à prendre réellement le mors aux dents.

Dimanche, des raids policiers de grande ampleur ont ainsi été menés contre des personnes soupçonnées de liens avec l’organisation Etat islamique (EI).

Dans un premier temps, près de 450 suspects, pour la plupart étrangers, ont été appréhendés. Hier, l’agence progouvernementale Anatolie a revu ce chiffre à la hausse, évoquant 820 arrestations au cours de l’opération, menée dans 29 des 81 provinces du pays.

Un membre des forces spéciales de la police turque monte la garde près du siège de la police, à Istanbul, le 20 janvier 2017. © HUSEYIN ALDEMIR / Reuters / REUTERS

Ce gigantesque coup de filet est le plus important jamais mené sur le territoire. Il survient un peu plus d’un mois après l’attentat perpétré la nuit de la Saint-Sylvestre contre le Reina, une boîte de nuit très prisée d’Istanbul. Revendiqué par l’EI, il avait fait 39 morts, pour l’essentiel des touristes venus de pays arabes. Middle East Eye

L’action prophylactique des autorités turques ne doit rien au hasard. En deux ans, plusieurs attaques portant le sceau de l’EI ont ensanglanté le pays, lequel a longtemps été accusé par ses partenaires internationaux de jouer un double jeu – fermeté théorique, mais mansuétude en pratique – vis-à-vis des combattants au drapeau noir. Al-Jazira

A cela s’ajoute le fait qu’Ankara est engagé depuis août dans l’opération « Bouclier de l’Euphrate », destinée à éradiquer les suppôts d’Abou Bakr Al-Baghdadi du nord de la Syrie. Une offensive aujourd’hui centrée sur la ville stratégique d’Al-Bab (province d’Alep), où, d’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), l’EI serait assiégé. BBC

Le coup de force de dimanche aura-t-il un effet bénéfique ? Cité par le New York Times, l’ex-diplomate et expert à la fondation Carnegie Europe, Sinan Ulgen, en doute et explique que police et justice tirent souvent à hue et à dia.

Quant à Ahmet Yayla, ancien chef du contre-terrorisme, il met en cause l’efficacité d’un raid d’une telle envergure, arguant qu’il est « impossible d’assigner à comparaître autant de terroristes présumés en une seule fois »…