Cette fois, la partie est terminée. Comme prévu depuis longtemps, la Russie et le clan Assad ont définitivement remporté la guerre « de Syrie ». Vaste boucherie organisée en haut lieu, ce conflit n’a pas seulement opposé des concitoyens. Elle a confronté deux mondes. L’un prêt à tout, l’autre non.
Dernier épisode de la partie d’échecs menée par la Russie (et ses subordonnés syriens) face aux Occidentaux, de grandes négociations sont actuellement en cours pour officialiser ce qui est acquis depuis des mois : les rebelles syriens et les civils se sont battus pour rien. La démocratie, le droit de vivre libre, les questions religieuses et politiques, tout cela ne pèse pas lourd face une bombe de 500 kilos balancée depuis un bombardier russe.
La ville syrienne de Homs le 19 septembre 2016
Les civils l’ignoraient sans doute. Maintenant ils savent. Mais plus que cette évidence, les tractations engagées au Kazakhstan (l’une des dernières colonies officieuses de Moscou) attestent d’une chose : Poutine a remporté une guerre qu’il savait gagnée d’avance. Joueur d’échecs accompli, il faisait face à des gamins davantage aguerris sur leur Game boy. Et l’enchaînement des évènements a encore une fois confirmé ce déséquilibre terrible et tragique. De l’entrée sur scène de la fameuse coalition internationale au blocus aérien ordonné par Assad et soutenu par les Russes, tout s’est déroulé comme prévu en haut lieu. L’enjeu de cette dernière étape, n’en doutez pas, est purement politique. On doit absolument faire table rase du passé, des atrocités et des exactions commises par les futurs vainqueurs. Si quelque chose dépasse encore, on l’imputera aux rebelles.
Tout ça pour ça
On a compté les morts et les blessés avec une précision chirurgicale. On a déploré les bombes sales, les charges au fluor, les mines antipersonnelles, les traquenards des snipers, les exécutions sommaires, les colonnes de réfugiés. On a fustigé l’inaction des Nations-Unies, la froide barbarie d’Assad, le sens du calcul de Poutine, la médiocrité de la France et des Européens. On s’est ému face aux carcasses de bâtiments, face aux nounours abandonnés dans les gravats, face aux grands-mères éplorées, face aux enfants déchiquetés. On s’est prononcé, beaucoup prononcé, pour un cessez-le-feu, pour un accord international, pour un corridor humanitaire, pour un moratoire sur les armes de destruction massive. On a signé, beaucoup signé, de déclarations, de condamnations, d’exhortations, d’imprécations, de conventions, d’assignations.
On a fait tout ça, ou. On a brassé du papier, dépensé de la salive, serré des paluches malpropres. On s’est fourvoyé plus d’une fois. On a rejeté les malheureux et les nécessiteux. On s’est ostensiblement foutu des menaces de mort et des hostilités. Tous ça pour quoi ? Tout ça pour ça…
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