La fumisterie bobo de Jadot

Charlie Hebdo – 01/03/2017 – Fabrice Nicolino – 
jadot-retire-sa-candidature-a-la-presidentielle-et-soutient_882688Yannick Jadot s’est donc couché dans le lit de Hamon en échange de quelques places aux législatives. Pas de méchanceté inutile : Jadot est un brave garçon, raisonnablement sincère. Ce qu’on ne saurait dire de la camarilla politicienne qui tient les rênes des Verts depuis la création du mouvement en 1984. Certes, l’eau a coulé sous les ponts depuis l’époque de Waechter, Vidal et Cambot, mais ce qui reste est indestructible : la manœuvre, la magouille, la combine. Jadot, entré en 2009 avec Europe-Écologie n’a pas voulu mettre en cause le pouvoir décisif de la bande à Duflot. Le voilà donc à jamais prisonnier des ombres.
Mais bon, il avait un programme. Ce catalogue de 76 mesures dont certaines sont certes les bienvenues, oublie radicalement l’existence d’une crise écologique planétaire, ce qui est une farce. Sur les 76 entrées de son programme, 60 concernent la France, 11 la France dans l’Europe et 5 la France face au reste du monde. Franchouillard à 100 %, l’écologie nationale de Jadot est une plaisanterie triste.
Dans ce long catalogue, le mot animal est cité une fois, le climat trois fois, sans nulle perspective, la biodiversité deux fois, d’une manière éthérée. Autrement dit, même si les équilibres essentiels s’affaissent, que le statut de l’animal est devenu un sujet planétaire obsédant, Jadot nous parle d’autre chose.
De la France, justement. Mais rien ici sur la présence du loup ou de l’ours, qui provoque de passionnants débats sur la place des hommes dans un pays qui combine déserts et agglomérations. Rien sur les abeilles et les pollinisateurs qui meurent sous nos yeux. Rien sur les oiseaux dont la moitié ont disparu depuis 1960. Rien sur les papillons dont le nombre a chuté de 50 % en seulement vingt ans. Rien sur la chasse, rien sur le désastre global de l’agriculture industrielle et la responsabilité écrasante de la FNSEA dans tout ce qui vient d’être cité…
Mais que devient Jean-Vincent Placé ?
On ne dira jamais assez de bien de Placé, ancien chefaillon des Verts, car il est irrésistible. Encore secrétaire d’État pour quelques semaines, il a décidé, par un triple saut arrière retourné, de soutenir Benoît Hamon à la présidentielle.
109117131_oRappelons pour le fun qu’il avait quitté Europe-Écologie début 2016 parce que son parti était trop à gauche, et qu’il était allé rejoindre Valls et Hollande, dont il dénonçait l’exécrable bilan écologique jusqu’en 2015. Et ajoutons que, le 7 mars de l’an passé, il dégommait à la radio les opposants à la loi travail et, se lâchant enfin, se proclamait centriste. De droite. Pour être sûr d’être bien compris, il vantait au passage Raffarin, NKM, Jean-Louis Borloo et Frédéric Lefebvre. Le voilà donc en fier soutien de Hamon, contre Macron et son allié Bayrou, bien trop gauchiste désormais. Placé, sénateur jusqu’à son entrée au gouvernement, sans les voix des élus socialos aux prochaines élections, se retrouve à vendre des cravates et des parapluies à la sauvette das le métro.

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
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