Affaire Fillon – Marc Ladreit de Lacharrière, l’ami public n° 1

Figure incontournable du capitalisme français, le propriétaire de la « Revue des deux mondes » s’est retrouvé sous les projecteurs dans l’affaire Fillon.

LE MONDE | 15.03.2017 | Par Isabelle Chaperon et Marie-Béatrice Baudet
L’homme n’est plus le même. On le perçoit dès l’ouverture de la porte blindée qui protège son élégant bureau, au deuxième étage de l’hôtel particulier dont il est propriétaire, rue de Lille, dans le 7arrondissement de Paris.
Même s’il sourit en nous accueillant, ce jeudi 9 mars, Marc Ladreit de Lacharrière semble sur la défensive, lui d’habitude si affable. Depuis la révélation, le 25 janvier, de l’affaire Fillon par Le Canard enchaîné, l’entrepreneur au plus beau carnet d’adresses de la capitale risque une mise en examen pour « abus de biens sociaux ». A 76 ans, et après une carrière si souvent glorifiée en France comme à l’étranger, le coup est rude.
Propriétaire depuis 1991 de la Revue des deux mondes, qui publia Baudelaire et Balzac, le milliardaire a employé l’épouse du candidat du parti Les Républicains (LR) à l’élection présidentielle comme conseillère littéraire, entre mai 2012 et décembre 2013, payée 5 000 euros brut par mois.
Mais était-ce un emploi réel ou fictif ? La justice s’interroge. De même, les enquêteurs se demandent encore si ce recrutement, ainsi que les relations d’affaires entre Fimalac, la holding familiale de « MLL », comme abrègent ses connaissances, et la société 2F ­Conseil de François Fillon pourraient avoir un lien avec l’attribution du titre de grand-croix de la Légion d’honneur au financier.
François Fillon a adoubé son futur client deux fois
Le 14 mars, François Fillon a été mis en examen notamment pour « détournement de fonds publics » et « recel d’abus de biens sociaux » dans l’affaire des emplois supposés fictifs de sa femme et de ses enfants et « manquements aux obligations de déclarations à la Haute Autorité de la vie publique ». A ce stade de l’enquête, les juges n’ont pas d’éléments suffisants pour mettre au jour un éventuel trafic d’influence.
Les propositions de dignité, c’est-à-dire grand officier et grand-croix (la plus haute distinction), ne peuvent être défendues que par le premier ministre auprès du président de la République. C’est donc, comme la règle l’exige, sur le « rapport » de François Fillon que Nicolas Sarkozy a signé le décret du 31 décembre 2010, qui distingue Marc Ladreit de Lacharrière.
Mais s’il est une chose qui intrigue, c’est la rapidité avec laquelle le chef d’entreprise a gravi les marches de l’ordre : il s’est élevé de chevalier à grand-croix en vingt-quatre ans. L’amiral Philippe de Gaulle a dû patienter quarante-huit ans, l’ancien « patron des patrons », Yvon Gattaz, trente-huit ans. Quant à la résistante et déportée Geneviève de Gaulle-Anthonioz, première femme grand-croix en 1997, elle aura attendu cinquante ans.
On ne demande pas la Légion d’honneur, il faut être proposé. « Par des relations bien placées », ajoutent les connaisseurs. Et MLL n’en a jamais manqué, à commencer par Philippe ­Séguin, Laurent Fabius et Dominique de Villepin, qui l’ont élevé aux grades inférieurs.
François Fillon aura adoubé son futur client deux fois, en le faisant officier en 1994, alors qu’il était ministre de l’enseignement supérieur du gouvernement Balladur, puis grand-croix en 2010, qu’il lui remettra d’ailleurs lui-même, par délégation du président de la République, ce qui est autorisé, mais plutôt rare. Rejoindre ce cénacle est un immense privilège. Le code de l’ordre fixe un seuil maximal de 125 000 légionnaires vivants, dont 75 grand-croix.
« Fillon ? C’est son denier du culte »
Ce jeudi 9 mars, Marc Ladreit de Lacharrière nous reçoit sans veste, en chemise bleue sur pantalon gris. Pas de boutonnière, pas de décoration… Le PDG de Fimalac voudrait-il symboliquement tenir à distance l’affaire Fillon et son lot de révélations ?
Le 8 mars, Le Canard enchaîné a indiqué qu’il avait prêté, en 2013, 50 000 euros au responsable politique, sans exiger d’intérêts. Une somme remboursée depuis, a indiqué son avocat. Le bienfaiteur avait aussi mis à la disposition de l’élu son jet privé. « Fillon ? C’est son denier du culte. Ce serait stupide de dire qu’il a parié sur lui. Qui pensait, en 2012, que le châtelain de la Sarthe avait une chance d’arriver à la fonction suprême ? », ironise un proche du financier. « Je réserve à la justice tout ce que j’ai à dire. Laissons-la faire son travail en paix », prévient d’emblée MLL.
Quant à l’église Saint-Pierre de Lubilhac, à Coux, en Ardèche, qui aurait été classée grâce à l’intervention de François Fillon, « c’est loufoque », contre-attaque-t-il, à la table de réunion, triturant son vieux sous-main en cuir où sont incrustées trois horloges qui donnent l’heure de New York, Tokyo et Paris : « D’abord, ce n’est pas mon église, elle appartient à un fonds de dotation. Les travaux ont été terminés en 2007. Il n’y a donc eu aucune déduction fiscale au titre du classement à l’inventaire des monuments historiques, qui a eu lieu quelques années plus tard. »
Trente-deuxième fortune de France
Le 26 janvier, des policiers ont perquisitionné le siège de la Revue des deux mondes, installé dans son hôtel particulier. Quatre jours plus tard, le PDG est entendu par les enquêteurs de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales, à Nanterre. Lors de son audition – dont Le Journal du dimanche du 5 mars a révélé le contenu –, il admet avoir embauché Penelope Fillon à la demande de son mari, un ami de trente ans qui cherchait un point de chute à son épouse déprimée après la fin de Matignon.
Mais la Revue des deux mondes était-elle son premier choix ? Selon nos informations, l’homme d’affaires avait d’abord pensé à l’Agence France-Muséums, qu’il préside depuis sa création, en juillet 2007, et dont la mission est de mener à bien le projet de musée universel du Louvre Abou Dhabi, en partenariat avec les Emirats arabes unis. Penelope Fillon aurait refusé, n’ayant pas envie de voyager. MLL ne dément pas, préférant clore le sujet par un laconique et découragé « pas de commentaire ».
Que de changements dans sa vie depuis le 25 janvier… Désormais, certains patrons du CAC 40, qui enviaient son succès et jalousaient son entregent, ricanent. Peut-être l’homme, trente-deuxième fortune de France avec 2,25 milliards d’euros de patrimoine, selon le classement 2016 de Challenges, a-t-il clamé trop haut et trop fort, et depuis toujours, qu’il ne devait rien à personne ?
« Je n’ai pas participé aux privatisations ; je n’ai pas construit ma fortune sur la reprise d’entreprises en difficulté ; je n’ai pas participé à des marchés publics ; je n’ai reçu ni subvention ni prêt bonifié… C’est rare dans la profession, non ? », insiste-t-il encore ce 9 mars.
Libre et indépendant
Le septuagénaire se dit libre et indépendant. Fimalac, c’est chez lui. Ce nom n’est-il pas le condensé de Financière Marc Ladreit de ­Lacharrière ? Il y est PDG et actionnaire majoritaire à plus de 90 %, et gère des participations dans l’immobilier, les médias en ligne et le divertissement.
Ses quatre enfants et son cousin germain siègent au conseil d’administration, ainsi que plusieurs figures du capitalisme français, tous des fidèles, à l’instar de Jean-Charles Naouri, le PDG de Casino, dont MLL était membre du conseil d’administration de 2003 jusqu’à septembre 2016.
Au « board » de Fimalac, on croise aussi deux de ses anciens condisciples à l’Ecole nationale d’administration (ENA), Etienne Pflimlin, ancien président du Crédit mutuel, et Philippe Lagayette, ex-directeur général de la Caisse des dépôts et consignations. « Marc Ladreit de Lacharrière n’a aucun contre-pouvoir. Il fait ce qu’il veut dans son entreprise », constate Loïc Dessaint, à la tête du cabinet d’analyse financière Proxinvest.
En 2015, le PDG a perçu une rémunération de 8 millions d’euros – autant que Carlos Ghosn chez Renault –, après avoir généré une plus-value de 1,6 milliard d’euros en cédant 30 % de son agence de notation Fitch au groupe de médias américain Hearst. Depuis 2015, cependant, le milliardaire ne reverse plus ses bonus à sa Fondation culture et diversité, créée en 2006, qui aide les jeunes en difficulté dans les zones d’éducation prioritaire. « La Fondation vit sur elle-même maintenant », annonce-t-il au Monde.
Les amis de la « promo Robespierre »
Si jamais homme d’affaires n’a revendiqué avec autant de force son indépendance, jamais, non plus, un dirigeant du privé n’a autant excellé dans l’art de « réseauter ». « Quand on travaille sur les familles françaises riches, Marc Ladreit de Lacharrière est incontournable. C’est une poupée russe, ses réseaux s’emboîtent les uns dans les autres », confirme la sociologue Monique Pinçon-Charlot.
Tout commence en 1968, avec la promotion Robespierre de l’ENA, « qui a failli s’appeler “Printemps des peuples” », se rappelle Michel Boyon, ancien président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Philippe Séguin est dans la bande à Maximilien. Une amitié à la vie à la mort se noue alors entre Marc et Philippe, tous deux marqués par la perte de leur père dans leur jeunesse.
C’est par lui et le gaullisme social, auquel adhère Ladreit, que les liens se nouent avec François Fillon, l’un des fils spirituels de l’homme politique décédé en 2010. Dans l’école de la rue des Saints-Pères, ils côtoient aussi Louis Schweitzer. L’ex-PDG de Renault fera entrer MLL au conseil d’administration du constructeur automobile en 2002. Leur copain de promotion Philippe Lagayette les y rejoint en 2007. Et quand Louis Schweitzer lâche le volant de Renault, en 2005, c’est L’Oréal, où Marc Ladreit de Lacharrière a officié de 1976 à 1991, qui lui offre un poste d’administrateur. Tournez manèges !
La « promo Robespierre » est le point de départ de longues complicités. MLL, l’énarque défroqué qui fera toute sa carrière dans le privé, a toujours maintenu un contact étroit avec la haute fonction publique, même quand il travaillait pour le roi des shampoings et des crèmes de beauté. Comme les ramifications politiques de l’affaire Bettencourt l’ont prouvé, l’influence de la galaxie L’Oréal ne se mesure pas uniquement à l’efficacité de ses soins antirides.
Bons et mauvais coups
En 1982, lorsque François Mitterrand crée un impôt sur la fortune, André Bettencourt, l’époux de Liliane, négocie directement avec le président socialiste la manière d’alléger la facture pour la famille propriétaire de L’Oréal. Mais c’est à MLL, directeur financier du groupe, que revient la mise en œuvre de l’accord, en liaison avec l’administration fiscale. L’homme de confiance des Bettencourt restera d’ailleurs administrateur de la Fondation Bettencourt-Schueller jusqu’en 2011.
En participant à des commissions de réflexion sous l’égide de Pierre Bérégovoy, MLL repère le directeur de cabinet du ministre de l’économie et des finances, Jean-Charles Naouri. Les deux hommes s’épauleront lorsqu’il s’agira d’entreprendre, chacun de son côté, la construction de leurs empires, Casino et Fimalac.
Il faut se replonger dans cette période eighties, lorsque capitalisme et mode capillaire se disputaient la palme de l’inventivité. Les chevelures montaient en soufflé, les holdings cascadaient et les amis s’arrangeaient.
MLL est de tous les bons (et mauvais) coups. Afin de mettre l’assureur Victoire à l’abri d’une nationalisation, la banque de Suez a imaginé une nébuleuse dont le capital a été placé dans des mains alliées, dont celles de Ladreit, ancien de la maison. Lorsque Suez reprend le contrôle de l’assureur, en 1991, le directeur financier de L’Oréal autorisé par la firme à faire fructifier ses affaires personnelles, empoche le pactole. Joli tour de passe-passe.
Echange de bons procédés
C’est sur le socle des holdings héritées de ce Suez de l’ombre que le financier bâtira Fimalac. Car en 1991, son rival, Lindsay Owen-Jones, ayant été choisi pour diriger L’Oréal, MLL décide – par dépit, racontent les mauvaises langues – de se consacrer à plein-temps à l’achat et à la revente d’entreprises.
« Marc a un vrai talent, lance son ami Alain Minc, qui l’a conseillé sur plusieurs affaires, notamment le rachat du groupe Lucien Barrière à Accor. Il sait constituer des ensembles avec des morceaux. C’est un “builder”. »
Au même titre que les Pinault, Arnault ou Bouygues, l’entrepreneur bénéficie du soutien inépuisable du Crédit lyonnais. Echange de bons procédés, le poulain rend service à la banque publique en participant au rachat de l’assureur californien Executive Life, une transaction qui suscitera l’ire des autorités américaines.
Ce monde-là est décidément petit. Après la faillite du Crédit lyonnais, Marc Ladreit de Lacharrière, administrateur indépendant de la banque publique de 1987 à 1993, est interrogé par une commission d’enquête parlementaire, en juin 1994. Très poliment. Philippe ­Séguin, alors au perchoir de l’Assemblée, préside la commission. Pendant l’audition, les deux frères de cœur se donnent du « Monsieur le président » long comme le bras. « C’est classique dans l’administration de se trouver en face de ses camarades de promo », balaie le financier, en s’énervant sur son sous-main.
En 1992, MLL commence, avec la bénédiction du Trésor, à poser la première pierre de l’édifice qui assoira définitivement sa fortune : l’agence de notation Fitch, alternative européenne aux titans américains Moody’s et Standard & Poor’s. Ce faisant, le financier gagne ses galons dans l’establishment. Les patrons du CAC 40 se mettent à courtiser le propriétaire de l’agence qui décerne bons et mauvais points à leurs opérations financières. Les gouvernements aussi. « Je pense être l’un des businessmen français les plus connus à l’international. J’entretiens de bonnes relations avec les principaux financiers des grands pays. »
« Besoin de personne pour m’ouvrir les portes de l’Elysée »
En 2002, consécration, il compose un comité consultatif international avec la fine fleur d’anciens chefs de gouvernement ou des grands argentiers. Valéry Giscard ­d’Estaing le préside. Laurent Fabius y participe. « Leur présence n’était pas bénévole », sourit-il.
Mais son véritable levier vis-à-vis du microcosme politique tricolore, c’est la Sofres, dont Fimalac prend le contrôle en 1992. « Ce rachat lui donne accès aux hommes politiques, qui l’appelaient sans arrêt pour avoir en avance leur cote de popularité », raconte un ancien de l’institut de sondages.
MLL élargit vite ce nouveau carnet. Il fait du dîner mensuel de la Revue des deux mondes un événement mondain. En parallèle, il devient incontournable dans le domaine du mécénat. En 1993, il soutient la création de la Fondation contre l’exclusion (FACE) de la ministre du travail, Martine Aubry. En 1996, il lance le Prix de l’audace créatrice, destiné à récompenser un chef d’entreprise qui a créé des emplois en France. Est-ce parce qu’il connaît Jacques Chirac que ce dernier accueille la remise du trophée à l’Elysée ? « Je n’ai besoin de personne pour m’ouvrir les portes de l’Elysée », rétorque-t-il.
Il continuera de sympathiser
Il continuera de sympathiser par la suite avec l’ancien président de la République. Tous deux partagent la même passion pour les arts premiers, et le patron verse son écot à la Fondation Chirac. En revanche, les relations se révéleront exécrables avec Nicolas Sarkozy. Ce dernier prend fait et cause, en 2007, pour Bernard Arnault dans son projet de rachat du quotidien économique Les Echos, au grand dam de MLL en lice lui aussi.
Surtout, le propriétaire de Fitch tient rigueur à Nicolas Sarkozy de ne pas l’avoir consulté lors de la crise financière qui entraîna la chute de la banque d’investissement américaine Lehman Brothers. Pis, d’avoir osé critiquer le rôle des agences de notation.
Le 13 septembre 2007, le patron de Fitch est reçu à l’Elysée, juste avant la remise du Prix de l’audace créatrice. « J’imaginais que le président allait me parler des subprimes. Il n’évoque que Les Echos ! » Une anecdote déjà relatée dans son livre Le Droit de noter (Grasset, 2012) où il tresse, en revanche, une couronne de lauriers à François Fillon : « Quel dommage qu’en ce début de quinquennat pétaradant, le premier ministre n’ait pas réussi à se faire entendre de Nicolas Sarkozy », écrit-il. Dans le gouvernement Fillon, Marc Ladreit de Lacharrière est aussi proche de Rachida Dati, dont il préside le comité de soutien dans le 7e arrondissement de Paris aux municipales de 2008.
Largesses à droite à gauche
Avec François Hollande, l’entrepreneur a retrouvé son rond de serviette au Château. « Hollande ? Je le connais depuis longtemps. Il est venu à des dîners de la Revue, témoigne-t-il. C’est l’un des seuls hommes politiques qui s’intéresse vraiment à l’éducation artistique et culturelle des jeunes. »
Aujourd’hui, les politiques ne lui suffisent plus. Le milliardaire s’amuse davantage avec ses nouveaux complices Jamel Debbouze, Laurent Gerra et Patrick Bruel, rencontrés grâce à la création, en 2013, d’un pôle spectacles et divertissement autour de Webedia ­ (Allociné, Purepeople), présidé par Véronique Morali, inspectrice des finances et sa compagne à la ville. « Les artistes, je les consulte dans mes affaires, car ils prennent des risques. Ils ont des émotions. Leurs vues sont souvent différentes de celles des conseillers traditionnels. »
C’est à se demander si Fimalac ne serait pas devenue la cour des Médicis. Le riche patron distribue à droite, à gauche. Quand, en 2008, les fabiusiens, emmenés par Serge Weinberg, ancien chef de cabinet de Laurent Fabius au budget, et Louis Schweitzer, veulent faire plaisir à leur mentor désœuvré faute de ­maroquin, ils jettent leur dévolu sur la maison de ventes aux enchères Piasa. Qui appelle-t-il pour boucler le tour de table ? Ladreit. « Emplois, subsides, prêts… Marc est très sollicité, je vous le garantis », témoigne Etienne Pflimlin.
Le philanthrope a la réputation de ne pas savoir dire non. Pourquoi ne pas en profiter ? Même Le Monde a bénéficié de ses largesses dans les années 1990. Alain Minc, alors président du conseil de surveillance du journal, entraîne son partenaire de tennis, un passionné de presse, à participer aux recapitalisations du quotidien, alors en difficulté.
Cette générosité mal contrôlée est sans doute le revers d’une soif de reconnaissance insatiable de la part « d’un jeune homme bien né mais fauché », selon l’expression choisie par Henri Loyrette, ancien président du ­Louvre, lorsqu’il intronise Marc Ladreit de ­Lacharrière en janvier 2006 à l’Académie des beaux-arts.
Le jeune hobereau a dû travailler pour financer ses études. Ses origines, une vieille famille de l’Ardèche tardivement anoblie, ont dû faire sourire quelques grands de France, les La Croix de Castries par exemple. Mais aujourd’hui, désormais élevé à la dignité de grand-croix, il appartient à la noblesse d’Etat.
Ce jeudi 9 mars, Marc Ladreit de Lacharrière est en manque de repères. Plusieurs œuvres d’art ont quitté son bureau. Elles sont exposées jusqu’au 2 avril au Musée du quai Branly-Jacques Chirac, où le mécène présente les joyaux de sa collection. Grande absente, La Chouette, une sculpture en bronze de Picasso qui trône en temps normal au milieu de la pièce. L’oiseau de Minerve, le symbole de la sagesse, n’est plus là pour veiller sur lui.
Isabelle Chaperon  Journaliste au service Economie
Marie-Béatrice Baudet  Journaliste au Monde

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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